C’est un débat qui revient à chaque rentrée universitaire. Les candidats et candidates aux études de maïeutique ne sont pas assez nombreux, et ce malgré les efforts pour rendre la profession plus attrayante. Pourquoi un tel constat, et surtout comment en sortir dans les années à venir ?
L’avenir des professionnels de santé en question, un enjeu d’intérêt national
Le ministère de la Santé le rappelle à de très nombreuses reprises : la France doit pouvoir former plus de soignants dans les années à venir afin de pouvoir répondre aux défis qui se dressent devant nous. Qu’il s’agisse de sages-femmes libérales ou hospitalières, de médecins généralistes ou encore de pharmaciens, ce besoin pressant passe nécessairement par une augmentation des capacités d’accueil des différentes filières en études de santé. Le problème est récurrent, et de nombreux signaux d’alerte ont déjà été tirés, notamment en ce qui concerne la formation des maïeuticiennes.
Et cette augmentation conditionne en partie la réussite des projets de réforme de notre système de santé. Ainsi, la crise que traverse la périnatalité passe obligatoirement par le recrutement plus important dans les années à venir de sages-femmes hospitalières mais aussi par l’augmentation sensible du nombre de sages-femmes libérales. Il en va de la survie du système de santé, et cet avenir est aujourd’hui remis en cause par les chiffres dévoilées en cette rentrée 2023. Toutes les professions sont plus ou moins directement impactées. Alors que le numerus clausus a été officiellement supprimé, le gouvernement définit toujours les capacités d’accueil des différentes filières en fonction des besoins en termes de recrutement à venir. Et en septembre 2023, le nombre d’étudiants en filière pharmacie enregistre ainsi un déficit de 1027 places soit 30 % des effectifs escomptés.
La maïeutique, victime du manque de vocations et de stéréotypes
En 2022 déjà, une place sur 5 était vacante en 2nde année de formation en maïeutique, et le déficit se creuse encore plus en cette rentrée 2023. Certes, le manque de vocations peut expliquer en partie ce constat dangereux, mais ce n’est pas la seule explication. C’est ce qu’explique la porte parole de l’Association Nationale des Étudiant.e.s Sages-femmes (ANESF), Loona Mourenas : « Il n’y a plus seulement le concours qui compte, il faut valider l’entièreté de sa licence. ». La réforme des études de santé (avec la mise en place du PASS et de la LAS) expliquerait le renforcement de la suprématie de la médecine auprès des étudiants et le délaissement des études en maïeutique notamment. En voulant offrir des chances de réorientation aux étudiants (avec la suppression de la PACES), la réforme a conduit les étudiants à envisager d’autres voies d’études lorsqu’ils ne parviennent pas à accéder à la voie privilégiée qu’est la médecine. Loona Mourenas insiste et soulève d’autres problématiques :
« Les organismes de prépas privés nous font du tort, parce qu’ils laissent penser que médecine est la meilleure filière. Beaucoup des compétences des sages-femmes ne sont pas connues du grand public : le suivi gynécologique, la vaccination… »
Toujours est-il que la situation devient inquiétante, puisque les efforts entrepris depuis deux ans pour revaloriser le métier de sage-femme n’ont pas permis d’inverser une situation, qui devient inquiétante et problématique selon tous les acteurs concernés. D’autant plus que le déficit d’étudiantes sages-femmes aggravera la pénurie de professionnelles dans les années à venir.
Selon vous, quelle seraient les mesures efficaces pour former suffisamment de sages-femmes dans les années à venir ? Estimez-vous que la situation pourrait devenir critique à court ou moyen terme au vu de cette évolution ?