Le 22 novembre, les autorités publiques ont signé un accord avec les sages-femmes, en le présentant comme historique. Un jugement, que les sages-femmes libérales et hospitalières ne semblent pas partager.
Un protocole d’accord pour apaiser la colère des sages-femmes
Décidément l’année 2021 aura été une année singulière pour les sages-femmes de France. Qu’elles soient sages-femmes libérales ou qu’elles exercent leur art à l’hôpital, les maïeuticiennes n’auront eu de cesse de porter leurs revendications, en multipliant les mobilisations. Il aura fallu attendre la fin de l’année pour que les autorités publiques semblent être prêtes à réagir et à apaiser les tensions. Certes, à la mi-septembre, le ministre de la santé, Olivier Véran, avait pris des engagements pour tenter de calmer la colère des sages-femmes, mais ces dernières exigeaient des actes concrets affirmant ne plus vouloir se contenter de « promesses d’intention et de bonnes paroles ».
Le 22 novembre dernier, ce ne sont pas moins que 3 membres du gouvernement – Le Secrétaire d’Etat chargé de l’Enfance et des Familles, M Adrien Taquet, la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Mme Amélie de Montchalin et le ministre de la Santé, M Olivier Véran – qui ont paraphé un protocole d’accord avec trois syndicats représentatifs de la fonction publique hospitalière (FO, CFDT et UNSA) et avec la Fédération Hospitalière publique. Et cet accord est présenté par le gouvernement comme historique pour la profession de sage-femme, les ministres concernés soulignant même que les sages-femmes libérales n’ont pas été oubliées.
Un accord historique ? Une revalorisation à la hauteur des revendications ?
Tout en rappelant la revalorisation salariale de 183 € décidée à la suite du Ségur de la Santé, le protocole d’accord officialise une « prime d’activité médicale » de 240 € par mois, une prime versée dès le mois de février 2022. Outre cette prime, le protocole définit aussi la revalorisation salariale des sages-femmes avec une hausse salariale de 78 € nets par mois (en moyenne), dont bénéficieront les sages-femmes titulaires mais aussi les sages-femmes contractuelles.
Si le ministre de la Santé s’efforce d’insister sur une revalorisation globale de 500 € par mois pour les sages-femmes hospitalières, M Taquet préfère, quant à lui, insister sur la reconnaissance de toute une profession :
« Les sages-femmes, à l’hôpital, en PMI ou en exercice libéral constituent une profession essentielle pour l’accompagnement des parents et de leur nouveau-né ; ils sont des acteurs majeurs de notre politique publique des 1000 premiers jours,(…) »
Sans nier les points positifs, que peut représenter ce protocole d’accord, l’Ordre des Sages-femmes n’a pas tardé à réagir, puisque le lendemain de cette signature, il soulignait : « Cette hausse de rémunération substantielle ne constitue pas le choc d’attractivité attendu par la profession. », rappelant ainsi que le rapport si contesté de l’IGAS estimait la revalorisation minimale à 625 € nets par mois.
Les sages-femmes libérales ou hospitalières, des professionnelles apaisées ?
Regrettant que la reconnaissance du caractère médical de la profession ne soit accordée qu’à travers une prime, les maïeuticiennes craignent également une distorsion dans l’application des mesures annoncées. Alors que les autorités publiques affirment une application à toutes les sages-femmes salariées, de nombreuses incertitudes demeurent cependant quant aux sages-femmes relevant du secteur privé ou encore des sages-femmes territoriales, qui ne bénéficieront pas de la prime d’activité médicale. En ce qui concerne les sages-femmes libérales, l’inquiétude est plus vive encore.
En effet, le gouvernement a beau insisté sur l’effort conséquent, « un engagement de 100 millions d’euros en 2022″, les sages-femmes libérales devront elles patienter jusqu’à la signature d’n accord avec l’Assurance Maladie, qui interviendra, selon les engagements des autorités, avant la fin de cette année 2021.
La profession ne semble donc pas partager ce jugement d’un « caractère historique » à ce protocole d’accord, et on sent déjà poindre une nouvelle forme d’exaspération. Alors 2022 sera-t-elle une année plus apaisée, ou est-elle destinée à n’être qu’un prolongement de cette colère ancienne ?
Selon vous, la profession va-t-elle continuer à se mobiliser après ce protocole d’accord ? Comment jugez-vous ces décisions quant à la revalorisation salariale de la profession ?