Une proposition de loi consacrée à la réforme de la formation des sages-femmes devrait être prochainement adoptée. Si elle répond à certaines attentes déjà anciennes de la profession, elle n’apporte en revanche aucune solution quant aux revendications majeures des maïeuticiennes.
En attendant une reconnaissance et une revalorisation, ….
On se souvient de la mobilisation des sages-femmes avant et pendant la crise sanitaire du coronavirus. La profession exprime depuis de nombreuses années son « mal-être » et souligne des conditions de travail jugées « indignes ». Les revendications des sages-femmes n’ont pas été entendues par le ministre de la Santé (ou tout du moins, si elles ont été entendues, elles n’ont pas donné lieu à des propositions fortes pour y répondre). En revanche, elles ont sensibilisé les représentants de la nation, et à l’automne 2021, la députée Mme Annie Chapelier, déposait une proposition de loi pour relayer une partie des attentes des maïeuticiennes.
Il ne s’agit pas d’apporter des réponses concrètes aux fortes attentes de revalorisation salariale ni même d’esquisser les leviers à actionner pour satisfaire la demande de reconnaissance des sages-femmes libérales et hospitalières. La proposition de loi entendait réformer la formation des sages-femmes, qui pose un délicat problème en soi. Dans le dossier explicatif, la proposition de loi insiste sur l’importance des maïeuticiennes dans l’organisation du système de santé en France :
« Les sages-femmes françaises exercent les responsabilités les plus étendues au niveau européen »
Il ne s’agit donc pas seulement de rendre la profession plus attrayante mais aussi d’accompagner les vocations et d’inciter les étudiantes et étudiants à choisir le cursus pour devenir sage-femme. Ainsi à la rentrée 2022, 1 place sur 5 (20 %) des études en 2ème année était vacante, soulignant bien l’urgence de réformer ce parcours de formation.
…les sages-femmes voient leur formation évoluer
C’est donc cette proposition de loi, que le Sénat étudie alors que l’Ordre National des Sages-femmes et plusieurs organisations spécialisées ont souligné la nécessité de cette dernière :
Dès lors, pour redonner de l’attractivité, il est indispensable de conforter le caractère médical dès la formation initiale tel que l’avance la proposition de loi visant à faire évoluer la formation de sage-femme, discutée le 19 octobre prochain au Sénat.
La proposition de loi entend (enfin) généraliser l’universitarisation de la formation, en posant une limite puisque posant l’obligation d’une intégration à l’université pour toutes les écoles de sages-femmes à la rentrée 2027-2028. Mais la proposition de loi va encore plus loin en instaurant un troisième cycle, ouvrant ainsi la voie à l’obtention d’un titre de Docteur en Maïeutique. Il s’agit ainsi d’aligner la formation des sages-femmes sur celles déjà applicables pour les pharmaciens et les chirurgiens-dentistes.
Dans son ensemble, la profession se félicite de telles avancées. Ainsi la porte – parole de l’Association Nationale des Étudiantes Sages-Femmes (ANESF), Loona Mourenas, explique : « Cette proposition de loi prend enfin en compte certaines revendications de longue date des sages-femmes. C’est un début, mais il ne faut pas s’arrêter là. ». Cela constitue un des principaux griefs faits à ce texte. Bien que la proposition réponde à une véritable problématique pour la profession, elle n’apporte aucun élément de réponses aux autres revendications. L’Ordre de la profession dénonce une situation inédite, en pointant la pénurie criante de sages-femmes. Réformer la formation initiale de ces professionnelles de santé ne peut ambitionner qu’être une réponse de moyen terme, alors que des solutions urgentes doivent être trouvées dans les prochaines semaines. La sénatrice Raymonde Poncet Monge, auteure d’un rapport du Sénat sur la proposition de loi, est consciente de ce paradoxe : « «La réforme des études est une porte d’entrée. Il y a évidemment un problème plus profond,(…)»
Comment jugez-vous de cette proposition de loi visant à réformer la formation initiale des sages-femmes ? Estimez-vous que cette réforme était nécessaire avant de s’attaquer à la question de la reconnaissance et de la revalorisation ?