Reconnues officiellement comme de véritables professionnelles de santé, les sages-femmes souffrent néanmoins d’un manque de visibilité et de reconnaissance des autorités sanitaires notamment. Pourtant, leur mission leur confère un statut particulier, leur donnant outre leur statut de soignante la mission d’écoute bienveillante.
Les sages-femmes, des soignantes à l’écoute des femmes avant tout ?
Est-il utile de rappeler la mobilisation des sages-femmes depuis des mois et même des années et appelant à une reconnaissance non seulement de leur rôle mais aussi de leur place à part dans le système de santé des Françaises et des Français ? Ces revendications ne font-elles pas écho à de nouvelles aspirations des Françaises, qui désirent être plus fréquemment écoutées. Et c’est cette convergence des attentes et des envies, qui donne aussi en partie plus de poids à la profession même de sage-femme en général et de sage-femme libérale en particulier. Cette convergence s’est renforcée depuis la raréfaction des médecins gynécologues, dont la spécialisation avait été supprimée entre 1987 et 2003. On n’évoque plus en l’espèce les déserts médicaux, qui concernent toutes les professions de santé, mais bien d’une pénurie avérée. Ainsi, le conseil national des médecins soulignait qu’en janvier 2019, la France comptait moins de 1.000 gynécologues, avec des départements ne comptant plus un seul spécialiste.
L’élargissement des compétences des sages-femmes, depuis plusieurs années, visait notamment à compenser ce manque, en assurant à toutes les femmes de pouvoir bénéficier d’un suivi gynécologique, que les sages-femmes peuvent désormais assurer. Cette évolution ne doit pas figurer un remplacement des gynécologues par les sages-femmes mais bien retranscrire une évolution plus profonde et plus durable de la place des maïeuticiennes.
La sage-femme libérale, une professionnelle concentrée sur le bien-être de ses parturientes
C’est ce qu’expliquait Élise Audienne-Roy, sage-femme libérale depuis plus de 15 ans, aux journalistes de MadmoiZelle. Elle soulignait, que la formation des sages-femmes faisait une grande place à l’écoute et à la psychologie, permettant aux maïeuticiennes de ne pas considérer leur patiente que sous le « prisme de la pathologie ».
« Contrairement à une certaine vision obsolète de la médecine, qui part du principe que du fait de leur formation, les soignants et soignantes savent ce qui est bon pour la patiente, nous privilégions ce que souhaite la personne en lui donnant toutes les informations nécessaires pour faire un choix éclairé. »
Naturellement, cette écoute et cette bienveillance séduisent les Femmes, quel que soit leur âge, dont la parole s’est largement libérée depuis des années sur le sujet. Les violences gynécologiques et obstétricales sont désormais plus fréquemment dénoncées, et l’hashtag #Payetonutérus n’en est qu’une illustration parmi tant d’autres. Par cette approche, les sages-femmes libérales entendent rompre avec des « pratiques patriarcales, infantilisantes et dogmatiques » pour réussir à imposer une « approche plus humaine toute en délicatesse ». Dans le même temps, elles n’ignorent pas que leurs consœurs hospitalières dénoncent depuis des mois une maltraitance, qu’elles sont contraintes de subir et de faire subir à leurs patientes. Présidente de l’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF) et sage-femme hospitalière, Mme Camille Dumortier résume parfaitement la situation en dénonçant : « La maltraitance, c’est de ne pas accorder le temps nécessaire aux patientes ».
Certes, les sages-femmes libérales et hospitalières sont conscientes qu’elles doivent s’efforcer de mieux faire connaître leur métier auprès du grand public, tout en sachant qu’elles doivent continuer à cultiver cette place à part dans le système du soin en France. C’est ce que résume parfaitement Mme Élise Audienne-Roy
« Les hommes n’ont pas ces espaces pour parler de leur vie sexuelle, sentimentale et de leur corps. C’est une réelle chance pour les femmes d’avoir ces consultations, il faut s’en saisir comme telle ! »
Et vous, comment définiriez-vous le rôle et la mission des sages-femmes en France en 2022 ? Estimez-vous que cette place singulière doive être renforcée et mise en valeur ?