La part des sages-femmes libérales dans la démographie de la profession progresse continuellement depuis plusieurs années. Si cela nécessite des adaptations, il faut aussi comprendre les raisons ayant conduit à cette évolution.
La sage-femme libérale, une tendance durable pour la prise en charge de la santé des femmes
La profession de sage-femme a considérablement évolué ces dernières décennies. Après avoir fait de l’accouchement à l’hôpital la règle générale, le autorités publiques ont accompagné cette évolution. Exercer à l’hôpital s’est donc imposé come la voie la plus massivement suivie pour les nouvelles maïeuticiennes. Pourtant depuis quelques années, comme nous l’avons déjà souligné, la part de sages-femmes libérales et mixtes progresse. Ainsi, si on recensait en 2011, 3751 sages femmes libérales (soit 19 % de la profession), elles étaient plus de 7500 en 2021, représentant désormais 34 % de la profession.
Plus d’une sage-femme sur deux libérale dans quelques années ?
Cette question peut se poser et soulève alors d’autres problématiques pour la prise en charge de la santé des femmes en général et du suivi des grossesses et des accouchements en particulier. Le sujet est débattu, et les positions des uns et des autres ne sont pas toujours conciliables. Bien évidemment, cette tendance aura des conséquences sur l’organisation des maternités et sur l’organisation de la prise en charge des femmes enceintes. Mais cela va surtout conduire les sages-femmes libérales à devoir répondre à la baisse (inéluctable si la forme libérale continue de progresser) du nombre de consœurs hospitalières.
L’avenir de la profession est-il lié à l’augmentation du nombre de sages-femmes libérales ?
Pourquoi la tendance s’est-elle inversée ? Pourquoi les jeunes diplômées envisagent davantage de se lancer dans l’aventure du libéral et de l’indépendance qu’autrefois ? Il n’existe pas une raison mais bien une multitude d’explications. Et on peut constater, que les pouvoirs publics tentent d’apporter des réponses à ces motifs, puisque la santé des femmes et la périnatalité font figure de priorités pour le ministère de la santé :
- Le manque d’attractivité du métier de sage-femme hospitalière : les efforts déployés par le gouvernement seront-ils de nature à inverser cette tendance et attirer à nouveau les nouvelles sages-femmes,
- Le niveau de rémunération jugé trop faible : Les demandes de revalorisation salariale des sages-femmes libérales se font de plus en plus entendre, et cela pourrait changer la donne, d’autant que le gouvernement a déjà acté des revalorisations salariales pour les sages-femmes hospitalières
- Le manque de perspective d’évolution : En créant une année supplémentaire d’étude et en officialisant l’universitarisation de la formation des maïeuticiennes, les autorités publiques ont ouvert la voie à la recherche clinique, ce qui ouvre de nouvelles perspectives en termes d’évolution,
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Mais n’est-ce pas une raison plus structurelle, qui pourrait expliquer cette montée en puissance des sages-femmes libérales. Comme d’autres professions de santé, les maïeuticiennes ne répondent-elles pas à un appel (à peine voilé) des autorités. Lors des débats autour de la loi sur la modernisation du système de santé en 2015, la ministre de la Santé de l’époque, Mme Marisol Touraine expliquait cette ambition : « Innover dans l’organisation des soins, en passant d’un système cloisonné, trop centré sur l’hôpital, à une médecine de parcours et de proximité, organisée autour du patient. ». Bien que non ciblée sur les sages-femmes, cette explication invitait cependant les professionnels de santé à s’engager dans la médecine de ville. 8 ans après, les efforts pour optimiser les partenariats ville – hôpital se révèlent encore aujourd’hui largement inspirants, mais l’esprit et la tendance restent les mêmes. Il appartient donc à ces mêmes autorités de veiller à accompagner cette évolution dans la démographie de la profession ou alors de préciser l’objectif à atteindre, si ce dernier devait être amené à changer.
Et vous, pensez-vous que les sages-femmes libérales seront, dans quelques années, majoritaires dans la profession ? Quelles doivent alors être les adaptations à acter en urgence ?