Alors que la rentrée des étudiantes et étudiants en maïeutique s’annonce, 3 génération s de femmes ont échangé pour évoquer le rôle de ce métier, mais aussi ses évolutions depuis un demi-siècle.
L’évolution permanente du métier de sage-femme
Le plus souvent, pour comprendre les évolutions du rôle et des missions des sages-femmes libérales ou hospitalières, il suffit de parcourir les multiples textes de loi, les décisions prises par les Autorités Régionales de Santé (ARS), les avis et autres communiqués de presse rédigés par les syndicats représentatifs ou encore l’ordre de la profession, … Mais, on peut aussi pour avoir une vision plus globale écouter les sages-femmes elles-mêmes. C’est la démarche entreprise par les journalistes du Monde. Le 19 aout dernier, le célèbre journal du soir publiait les échanges entre 3 générations de femmes, toutes trois pleinement concernées par la profession. Elisabeth, la grand-mère de 74 ans, a donc ainsi pu échanger avec Loeva, sa petite-fille (21 ans), qui débutera sa 5ème année de formation en maïeutique et avec sa fille Mathilde (47 ans), sage-femme libérale depuis 9 ans après 19 années passées à exercer à l’hôpital. Certes, si Elisabeth raconte comment elle a dû mettre fin à ses études de sages-femmes, elle relate également les combats de cette époque, ceux liés au droit des femmes à disposer de leur propre corps. S’engageant dans des actions militantes pour faire reconnaitre le droit à l’avortement (nous sommes alors au début des années 1970), Elisabeth a donc « transmis » ces valeurs à sa fille Mathilde, qui embrasse alors, de manière plus officielle, la carrière de sage-femme.
Une vocation transmise de mère en fille ou une question de valeurs ?
On comprend mieux que devenir sage-femme peut certes relever d’une véritable vocation, mais que cette décision peut aussi résulter de l’histoire familiale, et de l’engagement de ses aïeux. Lutter pour le droit des femmes peut ainsi conduire à s’engager dans une telle voie, mêle si Mathilde se défend d’avoir incité sa fille à suivre sa voie, tant elle était consciente des difficultés du métier : « Quand votre fille marche dans vos pas, on a envie de lui dire : « Ouh là, fais attention à toi ! ».
C’est l’occasion pour Mathilde de souligner, comment la profession est toujours en mouvement, s’adaptant aux innombrables inn ovations techniques et scientifiques. Ces dernières s’accélèrent à un rythme toujours plus rapide. La discussion entre ces 3 générations de femmes soulignent alors comment ces innovations ont changé l’approche de sages-femmes et leur travail au quotidien. Les médicaments, pour favoriser l’accouchement, les sutures (épisiotomie), …, étaient courants au début de la vie professionnelle de Mathilde avant que des études scientifiques ne viennent faire évoluer les protocoles. Loeva, la petite-fille, le confirme : « Aujourd’hui, on est beaucoup moins interventionniste sur l’accouchement (…) ». Elle explique, comment la douceur, la bienveillance, l’explication, le consentement sont devenus des valeurs essentielles à la profession.
Bien évidemment, ces femmes évoquent aussi la situation de la profession, en regrettant unanimement le manque de temps laissé aux maïeuticiennes pour accompagner réellement leurs parturientes. La fermeture des petites maternités, les conditions de travail jugées exécrables conduisent, selon Mathilde, de plus en plus de professionnelles à quitter l’hôpital public pour exercer en libéral, même si là-aussi, il reste beaucoup à faire.
C’est bien une véritable déclaration d’amour qui est faite au « plus beau métier du monde », qu’ont écrit ces 3 générations de femmes.
Et vous, pourquoi êtes-vous devenu sage-femme ? Une vocation, un déclic, une histoire familiale, une opportunité ? Inciterez-vous (ou incitez-vous) vos enfants à suivre votre voie ?