Dans quelques semaines, les sages-femmes devront se familiariser avec un nouvel outil numérique destiné à optimiser le parcours de soins de leurs patientes : « Mon Espace Santé ». Concrétisation ultime des ambitions de numériser le système de santé, cet espace individualisé nécessite pour les sages-femmes et les soignants de nouvelles missions.
« Mon Espace Santé », la prochaine étape de la digitalisation de la Santé publique en France
Les sages-femmes libérales et hospitalières comme les médecins généralistes et spécialistes et plus généralement tous les professionnels de santé connaissent les fortes ambitions des autorités sanitaires s’agissant de la numérisation du système de santé. Le numérique en santé fait partie des priorités en matière de transformation du système actuel et « Mon Espace Santé », bien que n’étant qu’une des briques de cette évolution, en sera la partie la plus visible pour les patients. Il ne sera pas sans conséquences pour les sages-femmes et les soignants, à un moment, où la crise sanitaire du coronavirus a élargi le champ du numérique en matière de pratiques quotidiennes. La téléconsultation, par exemple, a connu une véritable explosion depuis le début de l’épidémie, et on peut légitimement supposer que les habitudes prises au cours de cette période ne disparaitront du jour au lendemain.
C’est en 2018, qu’un rapport remis au gouvernement a permis l’élaboration d’une feuille de route (adoptée en 2019) visant à faire de la France le leader européen d’une santé numérique. Si les professionnels de santé, tant en ville qu’à l’hôpital, ont été associés à cette démarche, le Ministère de la Santé a rappelé, à de maintes reprises, que l’ambition consistait à (re)placer le patient au cœur du dispositif. La création de « Mon espace Santé » en reste la concrétisation la plus visible. C’est ce que rappelle Olivier Véran, ministre de la Santé, en présentant cette nouveauté en affirmant sa volonté de « faire en sorte que chaque Française et chaque Français soit pleinement actrice et acteur de sa santé grâce à un espace numérique de santé appelé « Mon espace santé ».
Un espace de santé collaboratif entre soignants et patients
Après une expérimentation au cours de l’été 2021 dans 3 départements ((Loire-Atlantique, Haute-Garonne, Somme), « Mon Espace Santé » deviendra une réalité pour tous les Français à compter du 1er janvier 2022. Pour que le dispositif soit accepté et surtout utilisé, le gouvernement a changé sa doctrine, et contrairement à l’actuel Dossier Médical Partagé (DMP), l’espace individuel sera automatiquement créé pour chaque individu, dès lors qu’il n’a pas exprimé son opposition à cette création. Au vu des délais de renonciation (un mois et 10 jours) et des procédures administratives, tous les individus disposeront ainsi de « Mon Espace Santé » d’ici le printemps 2022. Si cet espace numérique personnalisée est appelé à évoluer dans le temps, il sera constitué, dans un premier temps de 4 outils principaux :
- Le dossier médical partagé (DMP), qui sera alors vierge de toute information, à charge pour les sages-femmes, médecins, infirmières de le remplir mais aussi aux patients eux-mêmes ;
- Un agenda partagé avec les professionnels de santé pour recenser le parcours de soin avec tous les rendez-vous auprès de tous les soignants
- Une messagerie sécurisée de santé, devant permettre aux patients d’échanger directement avec leurs soignants
- Une liste d’applications, devant permettre d’optimiser le parcours de soins de chacune et chacun.
Quelles conséquences pour les sages-femmes ?
Comme tous les soignants, les sages-femmes sont appelées à se mobiliser pour alimenter le DMP de chacune de leurs parturientes, y compris sur des données anciennes. Les sages-femmes seront également appelées à veiller à la bonne tenue de l’agenda tout en devant répondre aux éventuels messages reçus de leurs parturientes. Car pour que « Mon espace Santé » soit une réussite, le Ministère de la Santé sait qu’il faudra la mobilisation du plus grand nombre. En d’autres termes, les autorités n’entendent pas subir le même échec qu’avec le DMP. Un espace santé non renseigné par les patients et / ou les professionnels n’incite pas à le créer, et le refus de création n’incite pas les professionnels à l’utiliser ni même à le recommander. Ce cercle vicieux doit être rompu, et bien que l’on ne connaisse pas à ce jour le détail des mesures, le ministère de la Santé a déjà indiqué que des incitations seraient faites aux professionnels de santé pour aider au déploiement rapide et massif de cet espace numérique personnalisé.
Et pour vous, « Mon espace Santé » représente-t-il une évolution bénéfique ou s’apparente-t-il plus à de nouvelles contraintes au quotidien ? Estimez-vous que cette nouvelle ambition portera ses fruits ? Pourquoi ?