On ne peut plus se limiter à distinguer les sages-femmes libérales des sages-femmes salariées. D’autres voies existent désormais, et l’exercice mixte semble répondre à des attentes fortes du moment.
Sage-femme libérale ou sage-femme hospitalière ? Une distinction appelée à évoluer
Pendant longtemps, la vocation de devenir sage-femme conduisait les étudiantes (mais aussi les étudiants, même si la profession reste très majoritairement féminisée) à choisir entre le statut hospitalier et l’aventure de l’indépendance en optant pour la voie libérale. Les soins prodigués et l’accompagnement des femmes ne suffisaient pas se décider, puisque ce choix dépendait principalement des aspirations de ces professionnelles de santé. La voie hospitalière restait jusqu’à aujourd’hui le choix privilégié par la majorité des sages-femmes fraichement diplômées. En 2017, le conseil national de l’ordre des Sages-femmes (CNOSF) recensait ainsi 22.721 sages-femmes actives, qui se répartissaient ainsi :
- 852 sous statut salarié soit 69.77 % de la profession
- 406 sous statut libéral soit 19.39 % de l’ensemble
- 2146 conciliant exercice libéral et exercice salarié, soit 9.44 %
- 317 « autres » (remplaçante, intérimaire, bénévole, exercice à l’étranger, …) soit 1.39 %
La différenciation entre le salariat et le libéral tend à s’amenuiser ces dernières années, comme pour bien d’autres professions médicales et paramédicales. Les autorités publiques incitent, depuis plusieurs années, à l’exercice coordonné et à des parcours de soins plus « collaboratifs » entre les professionnels de santé. La sage-femme libérale, exerçant seule dans son cabinet, est appelée à disparaître, comme le soulignait, en 2018 le président de la République, Emmanuel Macron : « Je veux que l’exercice isolé devienne une aberration ».
De nouvelles formes pour exercer en tant que sage-femme libérale
S’installer en tant que sage-femme libérale représente toujours un choix de vie, impliquant de nombreuses contraintes spécifiques, mais revêt désormais une pluralité de forme. L’exercice commun est devenu la règle, qui se décline alors sous de multiples formes et statuts. La sage-femme pourra s’associer avec d’autres professionnels de santé réglementés ou se diriger vers un contrat de collaboration libérale (exclusivement avec une autre sage-femme). Société civile de moyens, société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA), Société d’exercice libéral (SEL), … les statuts se sont diversifiés et répondent aujourd’hui à une nouvelle approche de la santé en général.
Les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) se sont également multipliées en France, puisque de moins de 20 en 2008, leur nombre dépasse aujourd’hui les 1.300. Outre la mutualisation des moyens, que ces maisons de santé permettent de mettre en place, elles assurent aussi aux professionnels de santé d’en finir avec l’exercice solitaire. Pour les sages-femmes, le Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2021 a même pérennisé les 9 maisons de naissance existantes et ambitionne d’en créer de nouvelles sur le territoire.
L’exercice mixte, de nouveaux atouts pour attirer les sages-femmes
Face à cet enrichissement des modes d’exercice libéral de la profession de sages-femmes, d’autres acteurs soulignent également la dégradation des conditions de travail des maïeuticiennes exerçant à l’hôpital. Les revendications de ces dernières sont déjà anciennes, mais certaines dénoncent une véritable maltraitance de la profession, rendant le choix du libéral plus conforme à leurs aspirations. Cela explique en partie l’augmentation continue de l’exercice libéral en France mais aussi la tendance récente d’une hausse de l’exercice mixte. Choisir le statut libéral n’empêche pas en effet la professionnelle de santé de s’engager dans des « missions de service public d’un établissement de santé ».
Cette tendance a été renforcée depuis le début de la crise sanitaire, période particulière durant laquelle le ministère de la Santé a appelé tous les professionnels à se mobiliser que ce soit pour le dépistage ou encore la vaccination de l’épidémie. Doucement, les professionnels libéraux de santé sont donc incités à consacrer une partie de leur temps à ces missions de service public, une incitation qui pourrait perdurer au-delà de la crise, et faire de l’exercice mixte le nouveau modèle pour les sages-femmes de demain.
Et vous, quelle est votre statut et votre forme d’exercice ? Pensez-vous aussi que l’exercice mixte est appelé à prendre de l’importance dans les années à venir ?