Avec la récente adoption du label « Soin Humain », l’ensemble des soignants s’inspire désormais des règles de bientraitance, que les sages-femmes ont adopté depuis bien longtemps.
La bientraitance, un enjeu majeur pour les sages-femmes et pour tous les professionnels de la périnatalité
Depuis des années, les sages-femmes revendiquent pour l’amélioration de leurs conditions de travail. Mais elles sont mobilisées depuis plus longtemps encore pour renforcer la prise en charge de leurs parturientes et pour améliorer l’accompagnement de ces dernières et de leur nouveau-né avant, pendant et après l’accouchement. Alors que la notion de bientraitance est désormais essentielle pour tous les professionnels de santé, elle influe depuis encore plus longtemps encore la mission des sages-femmes. Qu’elles soient sages-femmes libérales ou maïeuticiennes hospitalières, ces professionnelles de santé sont confrontées à « l’insécurité » ressentie par une part non négligeable de femmes pendant leur grossesse.
Une récente étude, publiée en 2021 par le Collectif Inter associatif Autour de la Naissance (CIANE) confirme cette réalité. Ainsi apprend-on qu’un quart des femmes accouchant pour la première fois a été stressé par les difficultés à trouver un professionnel de santé compétent. Le manque de sages-femmes libérales ou de gynécologues peut donc être perçu comme un signe de maltraitance. Si les sages-femmes hospitalières dénoncent, quant à elles, le manque chronique d’effectifs, cette pénurie de professionnels de santé est source de souffrance pour les parturientes. En maternité, une femme sur deux regrette « un manque d’attention de l’équipe soignante concernant leur état émotionnel et psychologique »
Quand l’éthique des sages-femmes influe les autres soignants, le label Soin Humain
Les situations de « matraitance du quotidien » évoquées par cette étude sont innombrables, même s‘il faut souligner cependant que tous les acteurs de la périnatalité (sages-femmes libérales ou hospitalières, gynécologues, etc.) sont pleinement engagés depuis des années pour améliorer cette situation. Depuis plusieurs années, l’évaluation de la bientraitance des femmes enceintes représente un enjeu majeur pour tous les professionnels de santé concernés.
Le collège National des Gynécologues et Obstétriciens de France (CGOF) a ainsi créé, en 2019, le « label Bientraitance et transparence – CNGOF-MATERNYS ». Initiateur du programme, le Dr Pascal Gleyze insistait alors : « L’innovation majeure était de permettre aux femmes, en temps réel d’évaluer leur prise en charge, aucune société savante n’avait ainsi auparavant permis l’évaluation factuelle de la bientraitance ressentie par le patient ».
Cette ambition des acteurs de la périnatalité (sages-femmes, gynécologues – obstétricien, etc.) s’est également traduite par le lancement de multiples opérations (les sages-femmes ont ainsi soutenu l’opération « une femme, une sage-femme », etc.) mais aussi par des évolutions concrètes au quotidien (Reconnaissance du statut de sage-femme référente, etc.). En outre, cette notion de la bientraitance a largement dépassé le cadre des maternités notamment pour envahir toute la sphère des soins, tant à l’hôpital qu’en ville.
C’est notamment en s’inspirant de cette philosophie des acteurs de la périnatalité, qu’a été élaboré le label « Soin Humain, qui sera prochainement déployé partout. A travers « 40 points clés d’humanité », le label entend consacrer l’attention portée à la « bientraitance des soignants, la bientraitance des patients et la capacité d’une structure à être bientraitante ».
Comprenez-vous que l’éthique des sages-femmes influe autant sur celle des soignants dans leur ensemble ? Estimez-vous que cela s’accentue voire se renforce à court et moyen terme ?