Les sages-femmes libérales ou hospitalières sont confrontées, comme tous les soignants, à des violences physiques ou verbales au quotidien. Un rapport souligne la progression inquiétante du phénomène.
Les sages-femmes, des professionnelles de santé comme les autres
Chirurgien-dentiste, médecin hospitalier, sage-femme libérale, masseur-kinésithérapeute, infirmière, … toutes les professions de santé se caractérisent par leurs spécificités même si toutes renvoient aussi à des problématiques communes. Que ce soit sous statut salarié ou sous une forme libérale, l’exercice d’une telle profession de santé conduit à devoir faire face à des situations similaires. La complexité administrative est dénoncée par la sage-femme libérale comme par le cabinet de kinésithérapie, les problématiques de facturation et de prise en charge par l’Assurance Maladie et les mutuelles rendent le suivi complexe et chronophage pour toutes les professions libérales de santé, …
Mais parce qu’ils pénètrent la sphère intime de leurs patients, tous ces professionnels sont également confrontés à une relation particulière, et la relation soignant – patient apparaît être au cœur de l’activité sous toutes ses formes au quotidien. Ainsi, depuis de nombreuses années, les soignants en général dénoncent les violences physiques ou verbales, qui leur sont faites. Il est extrêmement difficile d’en appréhender l’importance, puisque confrontés à des violences quotidiennes, certains professionnels ont renoncé, depuis longtemps, à signaler ces agissements coupables de la part des patientes et patients. En revanche, toutes et tous sont confrontés, à un niveau plus ou moins important, à cette violence du quotidien, et celle-ci participe à l’épuisement et au stress de la sage-femme libérale comme de l’infirmière hospitalière.
Les violences faites aux soignants, une réalité partagée par les sages-femmes
C’est cette réalité qu’essaie de comprendre et d’analyser chaque année l’Observatoire National des Violences en milieu de Santé (ONVS). Et le 16 mars dernier, le rapport 2020 sur les données de 2019 a été rendu public. Ce rapport se consacre essentiellement aux violences remontées en milieu hospitalier, soulignant le très « peu de remontée de signalements » pour les soignants intervenant directement au domicile des patients. De manière générale, le rapport pointe l’hésitation des sages-femmes et autres professionnels concernés à remonter ces agissements coupables pour deux raisons principales. Parce qu’ils sont pour certains quotidiens, ces signalements représenteraient un temps précieux, alors même que l’emploi du temps des professionnels de santé est déjà bien rempli. D’autre part, les professionnels de santé considèrent que ces signalements ne sont pas suivis de traitement adéquat, et deviennent donc inutiles. Ainsi, alors même que le rapport souligne que 26.060 signalements ont été effectués en 2019, soit une hausse de 11.15 % en un an (23360 en 2018), il rappelle aussi que cet indicateur n’est que partie puisque moins de 10 % des établissements de santé participent à ces remontées d’informations. Être pourtant dans 81 % des signalements, les violences sont des atteintes à la personne même du soignant (49 % étant même des violences physiques).
Être seule face à l’hostilité du patient et de son entourage, une situation difficile à gérer
Le rapport multiplie les témoignages, rendant l’étude plus compréhensible pour tous, et les sages-femmes ne sont pas épargnées par ces phénomènes d’agressivité. On peut lire ainsi :
« Une sage-femme demande à plusieurs reprises à un papa de calmer ses enfants qui patientent en salle d’attente. Les enfants sont très bruyants et empêchent de réaliser calmement les consultations et échographies. Le père des enfants s’est montré menaçant et agressif lorsque celle-ci lui a demandé de calmer ses enfants. »
Pour la sage-femme libérale ou hospitalière, une des principales difficultés est alors de faire face à un sentiment de solitude, car le rapport souligne que dans 56 % des cas, le soignant doit solutionner seul la situation délicate. Dans certains cas, à l’hôpital, une aide extérieure est pourtant nécessaire, soulignant plus encore l’angoisse et le stress, que peuvent ressentir les soignants lorsqu’ils sont isolés.
« Un mari refuse que sa femme soit examinée par un sage-femme Homme. Il devient très agressif et agité. Les agents de sécurité interviennent et après discussion, retour au calme. La patiente reste sur place et le mari retourne chez lui »
Si le rapport n’entend donc pas proposer l’exhaustivité pour cette étude, il ambitionne surtout que la multiplication de ces violences ne conduise pas à considérer à l’avenir ces agissements coupables comme « normaux et inéluctables ».
Et vous, quel jugement portez-vous sur ces violences qui vous sont faites au quotidien ? Comment réagissez-vous en pareilles circonstances ?