Déçues par le Ségur de la Santé à l’été 2020, les sages-femmes ne veulent plus connaitre pareille désillusion avec le CNR Santé. Aussi souhaitent-elles être actrice de la transformation du système de santé. Comment, et surtout y parviendront-elles ?
L’avenir des sages-femmes s’assombrit chaque semaine, et les maïeuticiennes revendiquent depuis plusieurs années maintenant pour protéger leur profession pour les années à venir. Elles se sont mobilisées pour que les débats organisés à l’occasion du CNR Santé tiennent compte de ces revendications et de ces attentes. Mais les sages-femmes libérales ou hospitalières redoutent également, que les décisions prises à l’issue de cette vaste concertation sur l’avenir de notre système de santé ne soient pas à la hauteur des enjeux et des revendications. C’est l’avenir même de la profession, qui s’en trouve menacée. Pour éviter le pire des scénarios, les sages-femmes sont conscientes qu’elles doivent initier ce profond mouvement de réforme, quitte à prendre le pouvoir ou tout du moins celui de la proposition. C’est ce qu’elles ont fait en s’asseyant à la table des négociations avec 6 autres professions de santé à l’occasion d’un comité de liaison interprofessionnel : CLIO.
Les sages-femmes et les professionnels libéraux de santé unis pour un avenir meilleur
Regroupant les 7 ordres des professions de santé (les médecins, les chirurgiens-dentistes, les pharmaciens, les infirmiers, les kinés, les podologues et bien évidemment les sages-femmes), CLIO a ainsi adressé, le 13 octobre dernier, des propositions « pragmatiques, adaptées aux problématiques territoriales et surtout pouvant avoir un impact immédiat en termes d’amélioration de l’accès à la santé et d’attractivité des professions de santé » à François Braun, ministre de la santé et de la prévention et à Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’organisation territoriale et des professions de santé. En soi, la démarche constitue déjà une avancée tout du moins pour les sages-femmes, qui dénoncent, depuis plusieurs semaines, la forme de patriarcat régnant sur l’organisation de la santé en France. Pouvoir discuter et soumettre des propositions avec les autres ordres en général et les médecins en particulier attestent de cette volonté de « prendre son avenir en main ».
Bien qu’elles soient concernées par ces propositions, les sages-femmes ne sont cependant au premier plan de ces dernières. En effet sans lister, de manière exhaustive, l’ensemble de ces dernières, l’objectif de tous les professionnels de santé consiste bien à partager les actes et les activités médicales. C’est avant tout une réponse faite à la problématique de la désertification médicale, avec des propositions d’évolution destinées à libérer du temps médical et ainsi lutter efficacement contre la pénurie de médecins généralistes sur certains territoires.
Les sages-femmes veulent prendre leur avenir en main !
Les 7 ordres, dans le communiqué de presse adressé à leur autorité de tutelle, soulignent souhaiter adopter « toutes les mesures de nature à améliorer le maillage des territoires par des professionnels de santé et l’accès au système de santé doivent être encouragées ». Bien que des discussions doivent permettre de concrétiser ces propositions, les ministres destinataires du texte se sont félicités d’une telle initiative en la qualifiant d’ « avancée majeure pour le système de santé ». Et c’est probablement la voie à suivre pour conduire le changement. Pouvoir faire évoluer le système de santé en replaçant le patient au cœur du dispositif, voilà donc l’objectif réussi de CLIO, que les sages-femmes veulent désormais dupliquer en ce qui concerne la périnatalité notamment. Et le conseil national de l’ordre des sages-femmes redoublent d’efforts en présentant « la situation critique de la profession, tout mode d’exercice confondu, et de la périnatalité en s’appuyant à la fois sur le marasme estival, les tendances démographiques mais aussi les données négatives de santé publique. » Cette ambition de participer activement à la transformation du système de santé sera-t-elle entendue des autorités publiques ? Toute la question est là, et les sages-femmes espèrent une réponse dans les meilleurs délais.
Pensez-vous que la transformation du système de santé doive résulter des propositions des soignants avant tout ? Pensez-vous que les sages-femmes réussiront à dépasser ce « patriarcat » si souvent dénoncé ?