Qu’elles soient libérales ou hospitalières, débutantes ou plus expérimentées, les sages-femmes se sentent ignorées de leur autorité de tutelle. Un sentiment que l’on ressent à travers les témoignages, qui nous parviennent chaque semaine à la publication de nos dossiers. Et pourtant, devenir sage-femme représente toujours la matérialisation d’une vocation …
Sage-femme libérale, entre vocation et désolation, une reconnaissance toujours pas acquise !
Être sage-femme en 2021 reste, pour une grande majorité des professionnelles, une véritable vocation, même si le quotidien se révèle difficile voire insurmontable pour certaines. C’est ce que nous écrit Emmanuelle Landé lorsque nous évoquons cette concrétisation d’un projet ambitieux : s’installer comme sage-femme libérale : « Cela fait 2 ans que j’ai fermé mon cabinet. Durant 7 ans d’exercice libéral mon activité n’a jamais décollé, je ne pouvais pas en vivre. Un hôpital et d’autres chères collègues m’ont mis des bâtons dans les roues. Alors effectivement pour manger tu retournes en garde et là tu hallucines… Je pense que je vais relire mon bilan de compétences !!!! »
Cependant, chaque situation reste unique, et d’autres sages-femmes libérales ne regrettent absolument pas leur choix, comme Florence Layat qui nous explique : « Je suis sage-femme libérale retraitée depuis 4 ans .J’ai adoré exercer mon métier sous cette forme malgré les inconvénients que l’on vous a cités. ». Réaliste, elle se désole néanmoins d’ « une minuscule retraite de 1200 euros mais je ne regrette rien . D’autres ont des visions plus nuancées, rappelant l’absence de congés payés, les contraintes de devenir une véritable cheffe d’entreprise, l’indispensable nécessité de se former à bien d’autres univers (compta, gestion, …). En revanche, toutes les sages-femmes, ou presque, reconnaissent que les études suivies pour devenir sage-femme ne prépare en rien à l’exercice libéral de la profession, un constat qui nécessiterait peut-être d’adapter le cursus !
Des évolutions autant redoutées qu’espérées pour les soignants !
Bien évidemment, les sages-femmes réagissent plus activement, dès lors que les sujets abordés évoquent directement leur quotidien. Aussi, en évoquant la prochaine indemnisation des arrêts maladies pour l’ensemble des professionnels libéraux de santé, les réactions se sont multipliées amenant Muriel Houet à avouer : « Il m’est arrivé de travailler en moins bon état que les patients que j’allais visiter. Cherchez l’erreur ! ». D’autres, comme Anne Rognon, se félicitent de cette annonce officielle, tout en s’interrogeant sur les sources de financement : « Il serait temps effectivement, mais il faut aussi voir combien ça coûtera en cotisations !!! »
Et lorsque l’on évoque la réforme des études de santé, qui concerne directement les futures sages-femmes hospitalières ou libérales, c’est encore la défense de la profession et celle de la capacité à concrétiser ses projets qui animent ces professionnelles. Ainsi, si la disparition de la PACES semble faire l’unanimité parmi tous les soignants, Polka Du Vallois regrette : « Je pense à tous les étudiants qui ont été recalés au concours avant la réforme avec des moyennes très honorables. Qui ne pourront jamais faire le métier dont il rêvaient alors que nous allons vraisemblables vers une génération de soignants low cost… »
L’avenir de la profession, quel que soit le statut, fait partie de ces sujets récurrents, tant les problématiques sont nombreuses, tout comme les revendications. Et la mobilisation du 26 janvier dernier mais aussi du 24 février atteste de cette lassitude de la profession, qui s’inquiète désormais du risque que pourraient causer des reconversions massives. De nombreuses sages-femmes évoquent même un « burn-out de la profession », un épuisement physique et psychologique aggravé par cette crise sanitaire mais aussi par le manque de considération des autorités publiques.
Pour soutenir ces professionnelles de santé, les patientes se mobilisent aussi pour apporter aux sages-femmes réconfort et soutien, comme l’a fait Corinne Millie : « Courage à vous mesdames ! Dans ma région avoir un rdv avec un.e gynéco c’est le parcours de la combattante. Heureusement qu’il y a des sages-femmes pour s’occuper de nous. »
Et vous, quels sont vos revendications et vos attentes pour que la situation des sages-femmes s’améliore durablement ?