Depuis le début de cette année, les sages-femmes sont au cœur de plusieurs œuvres, qu’il s’agisse de documentaires ou d’œuvres de fiction. Cette mise à l’affiche peut-elle être profitable à la profession dans son ensemble ?
Se faire entendre pour exister, les sages-femmes face au principe de réalité
Depuis des mois et même des années, les sages-femmes portent des revendications, qu’elles présentent comme nécessaires et indispensables pour l’avenir de leur profession. Les sages-femmes libérales et les maïeuticiennes hospitalières peinent cependant à obtenir des réponses adaptées à ces innombrables attentes. Les pouvoirs publics ont reconnu, depuis des mois, que le métier de sage-femme devait faire l’objet de mesures visant à en renforcer l’attractivité et à en améliorer les conditions d’exercice. Mais mois après mois, les organisations représentatives de la profession alertent sur une situation, qui ne s’améliore pas et mettent en garde sur les menaces pesant sur la profession, à la vue des prévisions établies.
Pourquoi les sages-femmes n’arrivent pas à obtenir gain de cause ? La féminisation de la profession ? Le nombre (trop) insuffisant de professionnelles face à celui des médecins, des infirmières et des autres professionnels de santé ? … Peu importe les raisons, les sages-femmes ne peuvent que déplorer cette réalité, avec laquelle il faut œuvrer. En revanche, les professionnels de santé en général et les sages-femmes en particulier ont pleinement pris conscience de l’importance de sensibiliser la population à leurs revendications. Plus le soutien des patientes et des patients est important et plus les revendications des sages-femmes ont la chance de pouvoir être entendues et surtout traitées.
Se faire connaitre avant tout pour être soutenues
Hasard de calendrier ou concours de circonstances ? Toujours est-il qu’en ce début d’année, les sages-femmes se font de mieux en mieux connaître par le grand public. Les sages-femmes font leur cinéma, et cela a commencé par la sortie en salles, le 15 mars dernier, du film Sage-Homme. A travers ce film, pour lequel la réalisatrice Jennifer Devoldere a rencontré de nombreuses professionnelles, le métier est évoqué avec ses difficultés et ses contraintes. Ce n’est certes pas un plaidoyer mais cela offre la possibilité de mieux faire connaître le métier. En avril, c’est la chaine Arte qui programmait une autre fiction simplement titrée Sages-Femmes. Ici, la réalisatrice voulait nous proposer une « fiction du réel ». Aussi, Léa Fehner nous invite à la suite dans le quotidien d’une maternité sous tension. L’œuvre a reçu le Prix du jury œcuménique à la Berlinale 2023. A la frontière entre le documentaire et la fiction, la réalisatrice explique avoir voulu montrer le quotidien de ces maïeuticiennes, qui sont si souvent ignorées selon elles. Pourtant elle explique : »(…) je sais combien une maternité constitue un lieu de bascule, où ce que l’on était disparaît à jamais et où l’on devient quelqu’un d’autre. ». Toujours en, avril, mais sur la chaine LCP, ce sont le portrait de 6 sages-femmes qui nous ont été proposés. La réalisatrice Carine Lefebvre Quenell a souhaité montrer la réalité sans filtres, depuis les grands moments de joie que représente une naissance jusqu’au mal-être de ces sages-femmes.
Aucune de ces œuvres n’a la prétention de synthétiser les attentes des sages-femmes libérales et hospitalières. Mais toutes, en revanche, participent à mieux faire connaitre les difficultés d’une profession qui n’arrive pas toujours à se faire entendre. Cette prise de conscience va-t-elle conduire les autorités publiques à elles-aussi être plus attentives à ces revendications ? Voilà la question à laquelle les sages-femmes espèrent une réponse rapide.
Et vous, considérez-vous que ces films, documentaires et autres séries servent la cause des sages-femmes ? Pourquoi selon vous, la profession reste souvent si peu écoutée et entendue ?