L’époque est importante tant pour les sages-femmes libérales qu’hospitalières. L’avenir de notre système de santé est en jeu, et les autorités publiques semblent souffler le chaud et le froid, alors que les concertations sont déjà ouvertes.
De la santé périnatale à l’avenir du système de santé, une approche ambiguë des autorités publiques
Les sages-femmes libérales, à l’instar de la totalité des autres professions de santé, se réjouissent de l’ouverture du CNR Santé ce 03 octobre 2022. Le ministre de la Santé a réaffirmé son ambition d’écouter les demandes et les attentes de tous les acteurs de la santé pour pouvoir imaginer le système de santé de demain. Après le Ségur de la Santé, organisé en urgence au début de la crise du Covid-19 et dont le résultat avait provoqué la colère des soignants, le ministre de la santé a insisté sur la globalité de cette concertation. Les soignants dits de ville, qu’il s’agisse de médecins généralistes ou de sages-femmes libérales, ne seront pas oubliés. Pour qu’aucune problématique ne soit oubliée, la concertation a même été étendue aux patientes et aux patients à travers un site Internet. Ces discussions doivent s’étendre jusqu’au printemps 2023 et devraient être tendues tant les sujets de crispation sont nombreux. Dans tous les cas, les sages-femmes libérales notamment ne peuvent que se réjouir de cette attention, qui leur est portée. Elles restent néanmoins sur la défensive, en attendant les résultats de ces négociations.
Les sages-femmes, en attente d’une vision claire pour la périnatalité en France
Certaines interrogations recueillent l’adhésion de toutes les professions de santé, qu’elles soient libérales ou hospitalières, comme tout ce qui touche au financement de la santé et à la délicate problématique de la nécessaire revalorisation des rémunérations. D’autres sont plus spécifiques à telle ou telle spécialité. On connait l’importance des revendications portées par les sages-femmes depuis plusieurs mois. Pour les sages-femmes libérales ou hospitalières, toutes ces questions sont renforcées par la publication, il y a quelques semaines, du premier rapport sur la périnatalité en France. Celui-ci a déjà fait couler beaucoup d’encre, soulignant les indispensables évolutions à adopter en urgence pour améliorer la prise en charge des femmes enceintes, des fœtus et des nouveau-nés. Les maïeuticiennes attendent donc beaucoup de ce CNR Santé, même si elles se sentent, en même temps, stigmatisées …par ces mêmes autorités. En effet, il serait trompeur de croire, que les autorités publiques n’aient que des louanges à adresser aux professionnels de santé.
Les sages-femmes et les soignants libéraux, des fraudeurs en puissance ?
Dans le même temps, vendredi 30 septembre 2022, le directeur général de la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie (Cnam), M Thomas Fatôme, tenait un tout autre discours. A l’occasion de la présentation du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, il a provoqué la colère d’un grand nombre de professionnels. En effet, il détaillait, que durant la crise sanitaire, les agents chargés de la lutte contre la fraude avaient été redéployés vers des missions en lien direct avec la gestion de crise sanitaire. En revanche, il soulignait que des efforts conséquents seraient déployés pour renforcer cette lutte dès l’année 2023, en espérant vouloir repérer 500 millions d’euros (contre 220 millions pour la seule année 2021). Mais le directeur de la Cnam a également souligné que les contrôles seraient ciblés prioritairement sur les principaux contributeurs à cette fraude : les professionnels de santé. N’épargnant aucune catégorie de soignants, M Fatôme a ainsi estimé que de 3 à 3.5 % des prescriptions médicales pouvaient être considérées comme de la fraude. Cette stigmatisation des soignants est à contresens du message porté en ouverture du CNR, et certains syndicats représentatifs estiment qu’il sera difficile de discuter avec des autorités, les considérant avec « mépris » et ne reconnaissant toujours pas les efforts acceptés pendant les deux années de crise.
Et vous, vous sentez-vous soutenues ou au contraire stigmatisées par les autorités publiques ? Estimez-vous que ce CNR Santé sera à la hauteur des espérances qu’il peut susciter ? Pourquoi ?