C’est une colère sourde qui prend de l’ampleur. Et les sages-femmes de la maternité de Troyes ont réussi à résumer la situation avec une touche d’humour mais aussi beaucoup de détermination. Seront-elles entendues ?
La colère des sages-femmes après le « Ségur de la Santé »
Depuis plusieurs années, bon nombre de professionnels de santé, qu’ils exercent à l’hôpital ou sous une forme libérale, font état de leur colère et de leurs revendications. Des médecins aux infirmières, en passant bien évidemment par les sages-femmes, ces professionnels de santé dénoncent des obligations toujours plus contraignantes, des charges toujours plus importantes. Ces dégradations des conditions de travail se renforcent encore avec des revalorisations salariales en berne, mais aussi un manque criant de considération de la part des autorités sanitaires.
Si la crise sanitaire de la Covid-19 a amené tous ces professionnels de santé à se mobiliser depuis le printemps dernier, elle a aussi amené le gouvernement à prendre conscience de l’état du Système de Santé en France. C’est tout du moins le sentiment, qu’affichait le gouvernement d’Edouard Philippe. Alors même qu’il avait déjà présenté en 2018 une réforme « Ma Santé 2022 », le Président de la République annonçait en mai dernier son ambition d’une réforme en profondeur. Il admettait que des erreurs avaient pu être commises par le passé, et soulignait que dès l’été, le « Ségur de la Santé » allait permettre d’imaginer les solutions à déployer pour l’avenir. Tous les professionnels concernés ont cru à la sincérité de ces ambitions, et les sages-femmes, comme bien d’autres, ont espéré un nouveau cap et de nouvelles orientations.
Une exaspération affiche et une colère inaudible mais jusqu’à quand ?
Et pourtant, les résultats ne sont pas, loin de là, à la hauteur des espoirs suscités. Le « Ségur de la Santé » est devenu le « Ségur de l’hôpital », et infirmières ou sages-femmes libérales ont l’impression d’avoir été totalement ignorées. Pire encore, même les soignants hospitaliers soulignent l’insuffisance flagrante des mesures annoncées. Alors que la seconde vague de l’épidémie est déjà là, le Système de Santé semble déjà être à bout de souffle. Et les observateurs de ce secteur de la santé tirent la sonnette d’alarme, soulignant que les professionnels sont à bout et qu’ils ne supporteront pas plus longtemps d’être traités de la sorte.
Pour les sages-femmes, le constat est le même, et cet épisode du Ségur de la Santé a réveillé la colère et l’incompréhension. Pourquoi les représentants de la profession n’ont pas pu faire entendre leurs voix, si ce n’est à cause de ce manque de considération, voire même d’un mépris qui ne dit pas son nom.
La volonté de faire (enfin) avancer les choses pour les sages-femmes
Le 1er octobre, les syndicats organisaient les Etats généraux de la profession infirmière. Le 15 octobre dernier, les professionnels de santé libéraux et hospitaliers avaient organisé une grande journée de mobilisation. Cette dernière n’a pas pu avoir le succès escompté, puisque ces professionnels étaient déjà mobilisés pour contenir une situation sanitaire en pleine dégradation. Les initiatives se multiplient sur tout le territoire, avec toujours la même revendication : organiser un véritable « Ségur de la Santé » avec la prise en compte de toutes les revendications portées depuis des années par les différentes professions.
Les sages-femmes ne sont pas en reste, même si elles sont conscientes que des années de manque de considération ne s’efface pas en quelques heures ou en quelques jours. Une initiative des sages-femmes de la maternité de Troyes a créé le buzz en postant une vidéo, qui dénonce leurs conditions de travail au quotidien.
Plus que de la colère, c’est une incompréhension totale que la vidéo parodique met en avant pour interpeller les décideurs publics mais aussi pour informer le grand public. C’est ce qu’a confirmé une des sages-femmes à l’initiative du projet, Claire Ferry :
« Cela fait des années que les sages-femmes luttent contre le gouvernement pour leur reconnaissance sociale. Avec la crise du Covid et le Ségur de la santé, le mouvement est reparti de plus belle cet été »
Avec plus de 173.000 vues en 3 semaines, la vidéo deviendra-t-elle assez virale pour amener les pouvoirs publics à réagir ?
Et vous, estimez-vous que l’appel à un véritable Ségur soit entendu ? Comment imaginez-vous l’avenir à moyen terme pour la profession ?
Sage femme depuis 1993, en libéral depuis 1998 Mère de 4 ados et seule pourles élever.
Les cotisations sont asphyxiantes, les sacrifices familiaux considérables, les cotations pitoyables au regard du travail de prévention,d’éducation et de santé publique effectué.
Seuls les sourires et la reconnaissance des femmes renouvelle la flamme de ma passion pour ce métier que jadore.
Redonnons vie aux métiers « VRAIMENT » utiles, bannissons ces marchés financiers tueurs de respect et d’humanité…
Bref et Oh que oui!