Toutes les professions de santé, qu’elles soient exercées à l’hôpital ou en ville, redoublent de vigilance pour défendre la qualité des soins et la renommée de chacune des spécialités. Les sages-femmes n’échappent pas à cette ambition, comme nous avons pu le voir récemment dans un survol des règles applicables en matière de communication. Mais ces efforts visent aussi et surtout à protéger les patients en leur garantissant de pouvoir faire confiance à des professionnels de santé reconnus et en leur permettant d’être suffisamment informés en matière d’éventuelles dérives thérapeutiques. Ces dangers constituent une menace tant pour le domaine de la périnatalité que pour tous les autres domaines de la santé.
C’est notamment pour rappeler ce devoir de vigilance, que le dernier rapport de la Muviludes (Mission Interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) a été publié. L’étude de l’année 2021 par la Muviludes a ainsi mis en évidence une recrudescence des dérives sectaires dans tous les domaines de notre quotidien, et celui de la santé n’est aucunement épargné par ce phénomène. Les auteurs de l’étude soulignent, que la crise sanitaire du coronavirus a été un facteur aggravant et contribue à expliquer une partie de cette augmentation. Tous les professionnels de santé, de la sage-femme libérale au médecin hospitalier, sont appelés à être plus attentifs encore.
Le domaine de la santé, un secteur propice à l’émergence des dérives sectaires ?
Ainsi, en 2021 4020 saisines de la Muviludes ont été enregistrées, ce qui représente une véritable explosion (+86 %) depuis 2015. Plus du quart de ces saisines (1011) concernent spécifiquement le pôle Santé. Seules 148 de ces demandes étaient liés au complotisme et au mouvement antivaccin, alors que les autres concernaient principalement les pratiques de soins non conventionnelles.
De nombreux sujets d’inquiétude sont évoqués par les auteurs de ce rapport. Certains sont déjà identifiés, notamment en ce qui concerne l’église de Scientologie ou encore les Témoins de Jéhovah. Mais le rapport souligne l’émergence de nouvelles menaces, dont l’intensité s’est accrue depuis le début de la crise sanitaire. En effet, cette dernière a vu se développer un terreau propice à la remise en cause des données scientifiques en général et médicales en particulier. C’est sur cette remise en cause, que se sont développées ces derniers mois des dérives thérapeutiques que la Muviludes juge comme inquiétantes. Non seulement, ces soins non conventionnels peuvent mettre en danger la santé des patients et des patientes qui y ont recours, mais ils impliquent, dans certains cas, une aggravation de l’état de santé du patient ce qui, in fine, représente un coût plus important pour la collectivité (« Le coût pour la société peut s’avérer considérable »). Pour les auteurs du rapport, ces dérives constatées trouvent leur origine principalement dans les « théories complotistes » même si d’autres facteurs peuvent renforcer le phénomène.
Dans ce contexte, la place des pratiques de soins non conventionnelles devient un enjeu de santé publique. La désertification médicale des campagnes françaises n’est pas étrangère à ce phénomène qui prend des proportions inquiétantes et contribue à créer une insécurité sanitaire.
Bien que de nombreuses recommandations soient émises pour endiguer ce phénomène, le rapport souligne l’importance de mieux informer le public. Les sages-femmes libérales, médecins, infirmières, kinés, … sont ainsi les premiers acteurs de cette stratégie de prévention, qui repose sur une communication fiable et maitrisée. Ces efforts seront-ils suffisants pour lutter à eux seuls contre cette contestation systématique des données médicales ?
Constatez-vous, vous-aussi, cette recrudescence des pratiques non conventionnelles ? Y avez-vous été directement confrontée ? Comment luttez efficacement contre ces dérives thérapeutiques ?