C’est un cri d’alarme, qu’ont lancé des sages-femmes libérales et hospitalières mais aussi des patientes. Elles demandent que la promesse de 2020 soit tenue, et que de nouvelles maisons de naissance soient créées. A ce jour, elles ont du mal à se faire entendre.
Les maisons de naissance, une voie d’avenir pour le système de santé en France ?
En octobre 2020, les parlementaires votaient une loi pour garantir la multiplication des maisons de naissance. Expérimentées depuis 2016, 8 maisons de naissance avaient ainsi pu attester de résultats bénéfiques et encourageants, comme le rappelait à l’époque Thomas Mesnier, le rapporteur du projet de loi. Si tous les parlementaires se félicitaient de cette nouvelle voie offerte aux femmes enceintes, certains pointaient le « risque de concurrence » avec les maternités publiques. Thomas Mesnier calmait les craintes en soulignant : « Une maison de naissance doit forcément être contiguë à une maternité, il n’y a donc aucune concurrence entre elles ». Il insistait en expliquant qu’une maison de naissance ne visait pas à « inciter toutes les femmes à accoucher en maisons de naissance. Les maisons de naissance réalisent en moyenne 125 accouchements par an, donc cela ne va vraiment pas fragiliser le tissu des maternités ».
Les sages-femmes mais aussi les parturientes se félicitaient de cette nouvelle législation, qui tablait donc sur la création de 12 nouvelles structures dans les deux ans. Pourtant, dans une tribune publiée dans les colonnes du Monde le 13 février dernier, les sages-femmes et les usagères s’alarment de la situation et dénoncent l’absence de suites données à ce projet.
Les sages-femmes demandent la création de nouvelles maisons de naissance
Si les auteures du texte dénoncent l’inaction du gouvernement, elles en soulignent également l’incompréhension à un moment où tous les efforts se concentrent sur la rationalisation de l’organisation de la santé en France.
En pleine crise du système de santé, la France se prive ainsi d’une offre de soins qui, en ouvrant en toute sécurité une alternative à de nombreuses patientes à bas risque, permet aussi, grâce à un suivi moins médicalisé de la grossesse, d’optimiser le temps médical en dégageant plus de disponibilité auprès des patients.
Non seulement, ces maisons de naissance constituent une réponse aux attentes des femmes d’aujourd’hui, mais elles assurent, selon les sages-femmes libérales signataires de la tribune, un accompagnement global tout en réduisant les coûts de prise en charge. Pour les auteurs, les études attestent de tous ces avantages liés directement aux maisons de naissance, mais il manque une « volonté politique ».
Elle rappelle ainsi, qu’un sondage IPSOS de 2020 soulignait qu’une femme sur 5 souhaitait « vouloir accoucher dans une maison de naissance ». Ce sont donc environ 130.000 naissances par an potentiellement concernées, quand les 8 maisons déjà existantes en réalisent moins de 800 par an. Les projets existent bel et bien (une trentaine à ce jour), mais aucun n’est mené à bout en raison de blocages « incompréhensibles ». Les sages-femmes et plus généralement l’ensemble des acteurs concernés se découragent d’une situation, que nul ne peut expliquer :
Parmi les acteurs de cette offre de soins, la démotivation est forte devant les difficultés pour créer de nouvelles structures, alors même qu’il existe actuellement plus d’une trentaine de projets en France.
Les sages-femmes libérales et hospitalières, les patientes et plus généralement les femmes appellent donc à l’application de la loi de 2020, en demandant aux décisionnaires de lever tous les blocages et les freins qui peuvent exister.
Pensez-vous que cet appel à créer effectivement ces maisons de naissance soient entendues ? Estimez-vous qu’il faille aller beaucoup plus loin mais aussi beaucoup plus vite ? Pourquoi ?