Depuis le début du mois de juin et pour de nombreuses semaines, il devrait être impossible de passer à côté du vaste plan de communication des autorités publiques : Enceinte, les médicaments c’est pas n’importe comment ! Les sages-femmes sont, elles-aussi, appelées à porter cette information auprès de leurs patientes.
Les sages-femmes appelées à se mobiliser contre les dangers de l’automédication
C’est un sujet souvent débattu et bien connu des professionnels de santé, à commencer par les sages-femmes, et il devrait devenir plus populaire aux yeux du grand public. Depuis le 02 juin, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a lancé une vaste opération de communication : « Enceinte, les médicaments c’est pas n’importe comment ! ». A grand coup de publicité et avec l’aide d’un site dédié créé spécialement pour l’occasion, les autorités du médicament veulent que les Françaises et les Français prennent conscience des dangers, dangers dénoncés dans plusieurs études depuis de nombreuses années.
Visant à sensibiliser le grand public pour changer les habitudes, cette campagne est appelée à être relayée et accompagnée par les professionnels de santé. A l’hôpital comme en ville, les sages-femmes sont plus que jamais incitées à faire de cette communication un axe essentiel de leur échange avec leurs parturientes. Pour l’ANSM, il s’agit d’un réel enjeu de Santé publique, puisque l’agence du médicament estime que chaque année, entre 800 et 1200 malformations du nourrisson sont directement imputables à ces dangers de l’automédication. Une étude européenne estime en effet, que 5 % des cas de malformations majeures seraient imputables à une prise médicamenteuse.
Informer et sensibiliser les femmes enceintes des risques médicamenteux
Pour les autorités publiques, l’ambition est clairement affichée en souhaitant « déclencher dans la société un réflexe équivalent à celui de l’alcool et du tabac pendant la grossesse ». Car dans le récent sondage de l’institut Viavoice, le constat est sans appel puisque 7 femmes sur 10 environ identifient les risques d’une consommation de tabac ou d’alcool. Les campagnes de communication ont porté leurs fruits et le danger est connu de presque toutes les femmes. En revanche, ceux liés à la prise de médicaments sans prescription médicale semblent ignorés par la majorité. Ainsi, 36 % des femmes enceintes reconnaissent avoir pratiqué l’automédication, en prenant un médicament sans consultation préalable d’un professionnel de santé. La proportion bondit même à près d’une femme sur deux (48 %) s’agissant des femmes ayant déjà accouché une fois.
Ce sont ces habitudes, que l’ANSM entend faire disparaître, rappelant que les médicaments les plus courants peuvent avoir des conséquences immédiates ou à venir. Dans son dossier de présentation, l’ANSM souligne, que même les huiles essentielles et les médicaments à base de plante sont concernés par cette vigilance accrue à adopter.
Réaffirmer le rôle central des professionnels de santé en général et de la sage-femme en particulier
Si ce constat est implacable, il reste méconnu des femmes en général puisqu’elles ne sont que 3 sur 10 à penser qu’elles sont suffisamment informées. Il était donc temps de réagir pour le gendarme du médicament, d’autant plus que parmi les autres dangers de l’automédication, l’ANSM pointe l’arrêt de traitement médical en dehors de tout cadre sécurisé. Ainsi, une femme sur 6 arrête un traitement médical pour « éviter de prendre des risques » sans informer la sage-femme et encore moins le médecin traitant. L’ANSM rappelle les dangers d’un tel arrêt notamment dans le traitement des pathologies chroniques.
C’est donc principalement une campagne de sensibilisation à destination des femmes, qui est lancée visant à instaurer un dialogue avec les professionnels de santé. Les médecins, sages-femmes et même les pharmaciens sont invités à expliquer et à répondre à toutes les interrogations de leurs patientes. Non seulement, ce dialogue est essentiel mais il doit être précoce, puisque certains médicaments peuvent avoir des conséquences, alors même que la femme ne sait pas encore qu’elle est enceinte. 144.000 affiches ont été envoyés aux sages-femmes et autres professionnels impliqués, espérant que rapidement les dangers de l’automédication soient intégrés comme un risque à prendre en compte.
Et vous, avez-vous déjà reçu le kit de communication ? Avez-vous projeté des communications plus ciblées sur le sujet ou le faisiez-vous avant même cette campagne ?