Un week-end supplémentaire de mobilisation pour les sages-femmes à l’approche des fêtes de fin d’année. Le 27 et 28 novembre, les sages-femmes se mobiliseront une nouvelle fois, attirant, une fois de plus, les étudiantes et étudiants en maïeutique. Cette multiplication des mobilisations permettra-t-elle de sortir d’une situation ô combien périlleuse, ou est-il déjà trop tard.
Les étudiantes en maïeutique se joignent aux sages-femmes libérales et hospitalières en colère
Ce week-end du 27 et 28 novembre marque une nouvelle mobilisation de la profession de sages-femmes. Les sages-femmes libérales rejoindront les sages-femmes hospitalières pour porter des revendications, qui n’ont guère changées depuis des mois voire des années. Il n’apparait plus nécessaire de lister ces demandes, tant elles semblent désormais inhérentes à la profession même de sage-femme. Une reconnaissance d’un statut, de compétences et d’un savoir-faire mais aussi la nécessité de plus en plus criante de débloquer des moyens matériels et humains supplémentaires. Car, une nouvelle fois, en cette fin du mois de novembre, les maïeuticiennes dénonceront cette situation « catastrophique », qui les poussent à devenir, bien malgré elles, maltraitantes vis-à-vis de leurs parturientes.
Plus encore que les autres mobilisations, ce week-end de novembre sera également marqué par la présence massive des étudiantes et étudiants en maïeutique. Ces futurs professionnels veulent faire savoir, que non seulement ils refusent de travailler dans de telles conditions, mais qu’ils sont, eux-aussi, en tant qu’étudiant, déjà maltraités. Et depuis plusieurs mois, la parole se libère aussi chez ces futures sages-femmes. Et même si toutes les études récentes publiées sur le sujet soulignent que de plus en plus d’étudiantes envisagent de devenir sage-femme libérale, les étudiantes n’en restent pas moins consternées de découvrir l’envers de ce qui est souvent au départ une vocation.
Des étudiantes sages-femmes maltraitées et « écœurées » de leur vocation
Interrogée par les journalistes du Monde, Natacha Fau, étudiante sage-femme à Angers, dépeint une situation incroyable :
« A l’école, on avait rebaptisé notre promo “Koh-Lanta” : seul le dernier survivant sera diplômé. La maltraitance fait partie des études en maïeutique. Nous vivons dans la crainte des “sages-femmes dragons”, des professionnelles qui sont censées nous encadrer et qui nous poussent à bout. Je suis attristée, et choquée par le nombre d’amies sous antidépresseurs, par le taux d’étudiantes qui vont voir des psychologues. Moi-même, j’ai terminé en burn-out »
Si les étudiantes et étudiants sont nombreux à témoigner de cette réalité, le dossier publié par le célèbre journal du soir explique, chiffres à l’appui, combien d’étudiantes jettent l’éponge avant d’obtenir leur diplôme. Ce sont pourtant elles, qui sont appelées à prendre la relève et à venir répondre aux attentes de transformation évoquées par le ministère de la Santé. On comprend que cette désillusion est immense et n’apparait pas comme la solution idéale pour envisager un avenir plus serein.
Non seulement, les étudiantes en maïeutique sont de plus en plus nombreuses à changer d’orientation en cours de parcours, mais des indicateurs alertent sur l’augmentation du nombre de réorientation professionnelle. Des sages-femmes hospitalières décidant après quelques années voire parfois de quelques mois d’activité de « changer de vie », alors même que la pénurie de maïeuticiennes reste un des problèmes récurrents de la profession.
On comprend mal, comment dans ces situations, les étudiantes et les sages-femmes elles-mêmes peuvent espérer un avenir plus serein. Même le rapport de l’IGAS publié en septembre dernier, censé apporter des éléments de réponse, n’a fait qu’attiser une opposition stérile entre une profession en quête de reconnaissance d’une part et des autorités publiques, semblant incapables de réagir rapidement face à une telle détérioration des conditions d’exercice. Pourtant, il faudra bien, dans un avenir très proche, réussir à s’accorder sur les mesures à prendre, sous peine de voir la situation devenir réellement « hors de contrôle ».
Et vous, pensez-vous qu’un renversement de situation est toujours possible ? Estimez-vous que les sages-femmes vont enfin réussir à se faire entendre ? Pensez-vous qu’il soit encore temps de redresser la barre ou qu’au contraire il est déjà trop tard ?