Un collectif de soignants, dont des sages-femmes, a récemment dénoncé les dangers de certaines pratiques non-conventionnelles. Il s’agit surtout de clarifier la situation et d’informer clairement et précisément les patientes et les patients.
Les sages-femmes dénoncent des thérapeutiques alternatives
En tant que professionnelles de santé, les sages-femmes se doivent de se conformer à de nombreuses règles régissant leur activité au quotidien. Les maïeuticiennes font en outre régulièrement entendre leurs revendications mais aussi leurs mises en garde vis-à-vis d’’un système de santé, qu’elles jugent défaillant. Parfois même, elles se regroupent avec d’autres soignants pour souligner des dangers méconnus pesant sur l’avenir de notre système. C’est l’objectif même du collectif No Fakemed, regroupant des sages-femmes, des puéricultrices, des diététiciens, des kinésithérapeutes, des infirmières, des orthophonistes, des médecins généralistes et spécialistes, des pédiatres, des pharmaciens, des gynécologues et chirurgiens-dentistes. Ce collectif a décidé, en publiant de publier une tribune dans les colonnes du Figaro le 5 septembre dernier, alerter sur les menaces pesant sur le système de périnatalité en France.
Si les membres du collectif soulignent la nécessité de prendre en charge de multiples maux éprouvés par les femmes enceintes et / ou par les nourrissons, ils dénoncent la multiplication des thérapeutiques présentées comme « naturelles » et « douces ». Pour les sages-femmes et les autres soignants signataires de la tribune, il s’agit avant tout de pratiques non reconnues scientifiquement et officiellement, posant la question des dangers que cela peut engendrer pour celles qui y ont recours.
Des méthodes non conventionnelles dans le viseur des professionnels du soin
Le collectif dénonce ces pratiques « pour la plupart inutiles, coûteuses pour les familles, et (qui) peuvent avoir une vraie répercussion négative sur la prise en charge des enfants voire entraîner un retard de soins ». Mais ces soignants, dont certains comme les sages-femmes ou les gynécologues sont des professionnels reconnus en la matière, s’alarment même que certaines de ces pratiques soient « reprises » par d’autres professionnels de santé. En effet, pour le collectif No Fakemed, cette perméabilité pose un véritable problème de fond, en semant une « désolante confusion » dans l’esprit des patients. Ainsi, les huiles essentielles et l’aromathérapie sont sévèrement condamnés par la tribune, estimant qu’il n’existe aucune preuve des bienfaits de celles-ci. En revanche, les études des conséquences que peuvent engendrer ces huiles ont conduit les autorités sanitaires à en interdire l’usage (pour certaines d’entre-elles) durant la grossesse. D’autres thérapeutiques conventionnelles sont ainsi dénoncées (port du collier d’ambre, ostéopathie pourtant interdite chez le nourrisson, la frénotomie, …) et le collectif appelle les ordres professionnels mais aussi les autorités sanitaires à s’emparer de ce problème, qui fait débat pour l’avenir de la périnatalité en France.
Cet appel à l’aide et à réagir sera-t-il entendu ?
A cette heure, les autorités publiques n’ont pas encore réagi à la publication de cette tribune. Cette dernière ne vise pas tant à dénoncer les dangers de ces pratiques non-conventionnelles qu’à mettre en garde contre les risques pesant sur la bonne compréhension des patientes et des patients. Alors que certaines femmes peuvent être fragilisées par la grossesse, le collectif estime qu’elles seraient alors désarmées pour comprendre les problématiques en jeu. C’est donc un appel à la valorisation des professionnels de santé reconnus et à une vaste campagne d’information, que le collectif a lancé. Cet appel à la transparence est lancé quelques semaines seulement après que Doctolib fut mis en cause à l’occasion de faits similaires. En effet, la première plateforme de prise de rendez-vous médicaux en ligne avait dû réagir dans l’urgence, alors que certains condamnaient la présence de professionnels de « pratiques non-conventionnelles et non reconnues ». Les sages-femmes, gynécologues et autres professionnels de la périnatalité n’en attendent pas moins pour leur spécialité. Seront-ils entendus ?
Comprenez-vous ce besoin de clarification et de transparence, demandé par le collectif ? Quelles devraient être, selon vous, les règles à appliquer en la matière ?