Après la lutte contre la propagation du coronavirus, c’est désormais la campagne de vaccination qui occupe le cœur des débats des professionnels de santé. Et les sages-femmes sont directement intégrés à ces professionnels, chargés de mettre en œuvre cette ambitieuse campagne. Même si de nombreuses questions restent encore en suspens.
La vaccination anti-Covid pour les femmes enceintes, une position officielle
Dès le départ de la stratégie de vaccination contre la Covid-19, les autorités sanitaires ont dressé une liste des personnes à risques, pour lesquelles la vaccination n’était pas recommandée. Après des études, le Groupe de recherche sur les infections pendant la grossesse (GRIG) et le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) ont demandé que la campagne de vaccination soit élargie aux femmes enceintes. Il aura fallu attendre le 2 mars dernier, pour que la Haute Autorité de Santé (HAS) confirme cet appel même si des réserves sont apportées puisque le rapport constate que
« Malgré l’absence de données suffisantes au cours de la grossesse, l’administration des vaccins contre la Covid-19 chez la femme enceinte n’est pas contre- indiquée. »
Pour la HAS, la vaccination n’est souhaitable que « si les bénéfices potentiels l’emportent sur les risques pour la mère et le fœtus ». Les vaccins à ARN Messager doivent être privilégiés même si le vaccin AstraZeneca n’est pas proscrit. Les sages-femmes sont appelées, comme tous les autres professionnels, à informer leurs patientes de cette possibilité d’une vaccination après le premier trimestre de grossesse chez toutes les femmes enceintes. Mais ce devoir d’information n’est pas la seule prérogative accordée aux maïeuticiennes.
Les sages-femmes, des professionnelles appelées à participer à la campagne de vaccination
Parce que le gouvernement a fait la vaccination un enjeu prioritaire, le ministère de la Santé a souhaité faire appel au plus grand nombre possible de professionnels de santé. Malgré quelques contestations de certains soignants, à commencer par la profession infirmière, le décret du 05 mars dernier a dressé officiellement la liste des professionnels concernés. Sans surprises, et par dérogation aux compétences vaccinales de la profession de sage-femme (Code de la Santé Publique, article L. 4151-2), les sages-femmes sont autorisées à prescrire et bien naturellement à administrer le vaccin anti Covid-19.
Les sages-femmes peuvent donc vacciner toute personne, et pas uniquement leurs parturientes, à condition que ces « patients ne présentent pas d’antécédents de réactions anaphylactiques ». Elles peuvent aussi prescrire le vaccin aux femmes ainsi qu’à l’entourage des femmes enceintes et des enfants pendant 8 semaines après l’accouchement (période postnatale). Enfin, les sages-femmes sont autorisées à prescrire et à administrer tous les vaccins anti-Covid-19 disponibles sur le marché, et conformément aux prescriptions des autorités sanitaires. Ainsi, depuis le 19 mars, le vaccin AstraZeneca est réservé aux patientes et patients de plus de 55 ans, en attendant le résultat d’études complémentaires.
La vaccination par les sages-femmes, une question déontologique ?
Bien que les textes officiels ne laissent aucune ambiguïté, la campagne de vaccination en France ne répond pas, à ce jour, aux objectifs ambitieux fixés par le Ministère de la Santé. Bien que ce dernier assure accélérer la campagne dans les jours et les semaines à venir, de nombreuses interrogations restent néanmoins en suspens. La suspension de la vaccination par l’AstraZeneca a jeté le trouble parmi les professionnels de santé. Certains d’entre-eux mettaient en avant, depuis plusieurs semaines, leur hésitation à se faire vacciner.
Tous les soignants, de la sage-femme libérale au médecin hospitalier, sont désignés depuis le début de la campagne comme appartenant aux cibles prioritaires. Or début mars, seul 1/3 de ces soignants était vacciné, amenant même le Ministre de la Santé, Olivier Véran, à « hausser le ton » en déclarant : « Si l’incitation ne suffisait pas, alors nous pourrions envisager une saisine du Conseil consultatif national d’éthique qui serait fondé à nous dire s’il faut aller au-delà ».
Malgré les débats qui opposent certains soignants, les présidents des 7 ordres de médecins, sages-femmes, masseurs kinésithérapeutes, chirurgiens-dentistes, pédicures-podologues et d’infirmiers ont appelé à la vaccination générale des soignants « (…) parce que cela relève de leur devoir déontologique (…) ». Il reste à savoir si cet appel sera entendu, et le Ministère de la Santé s’est engagé à rendre public le taux de vaccination des soignants au début du mois d’avril.
Et vous, êtes-vous vacciné contre la Covid-19 ? Pourquoi ? Et quel est votre avis sur le déroulé de cette campagne et des décisions à prendre pour la rendre plus efficiente ?