Créée par loi de 2021, la sage-femme référente existe réellement dans les faits depuis le décret officiel publié il y a quelques jours seulement. Et le déploiement de ces sages-femmes référentes se trouve déjà compliqué par des querelles avec les médecins généralistes.
Le difficile accouchement de la sage-femme référente !
Certaines revendications des sages-femmes libérales et / ou hospitalières sont anciennes voire même très anciennes. On ne peut ici en dresser une liste exhaustive et précise. Outre l’amélioration de leurs conditions de travail ou même de leur reconnaissance officielle, une de ces revendications portaient sur la possibilité de désigner une sage-femme référente. Cette dernière devait améliorer le parcours de soins des futures mères, aussi bien avant qu’après leur grossesse. La loi du 26 avril 2021 avait officialisé la création de cette sage-femme référente, qui restait toujours lettre morte dans la réalité du quotidien Ce ne sera bientôt plus le cas puisque le décret official donnant corps à cette sage-femme référente a été publié au journal officiel du 9 novembre 2023.
Ce décret résulte notamment de la signature, en décembre 2022, d’un avenant entre l’assurance Maladie et l’Union nationale et syndicale des sage-femmes (UNSSF), avenant définissant les missions précises et la rémunération de celle-ci. Aujourd’hui, toute femme enceinte pourra ainsi désigner une sage-femme référente (selon un dispositif ressemblant à celui de la désignation d’un médecin traitant), entre le moment de la première constatation (de la grossesse) et la fin du 5ème mois.
Une nouvelle fonction ou un nouveau statut ? Le rôle de la sage-femme enfin reconnu ?
Pour une sage-femme libérale, désignée comme sage-femme référente, la mission principale consistera donc à « fluidifier et structurer le parcours des femmes enceintes ». C’est donc elle, qui informera la parturiente de son parcours de soins mais aussi sur le suivi médical du nourrisson. La sage-femme référente aura également un rôle accru en matière de prévention, d’autant plus que cette dernière fait partie des priorités du gouvernement pour l’évolution du système de santé. Qu’il s’agisse de vacccination ou encore d’identification et d’accompagnement pour la dépression post-partum, la sage-femme référente doit ainsi organiser ce parcours de soins (orienter les parturientes concernées vers un des psychologues conventionnés par exemple).
Bien évidemment la sage-femme référente sera responsable d’effectuer le lien avec le médecin traitant, et endossera ainsi la responsabilité de la coordination des soins. En élargissant les compétences des sages-femmes, le ministère de la santé a certes répondu à une revendication ancienne de la profession, mais il a également pris une décision contre l’avis des médecins généralistes. Ces derniers n’ont pas manqué de réagir. Ainsi le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint du syndicat MG France laissait entendre ses doutes, en soulignant que « si c’est pour mieux suivre les patientes qu’elles prennent en charge, pourquoi pas ». En revanche, il soulignait que cette sage-femme référente ne devait pas empiéter sur le domaine médical, « qu’il ne faut pas que cela soit des gynécologues bis ». Cela a même conduit certains médecins à des propos jugés outranciers, et qui ont conduit les sages-femmes à porter plainte.
Difficile dans ces conditions d’imaginer un déploiement serein de ces sages-femmes référentes, qui doivent impérativement bénéficier du soutien et de l’accompagnement des médecins traitants, ne serait-ce que pour informer leurs patientes de cette nouvelle possibilité.
Et vous, que pensez-vous de la publication de ce décret rendant réel la sage-femme référente ? Pensez-vous que le dispositif va être déployé comme il devrait l’être ? Ou que ces querelles mettent à mal une avancée si durement acquise ?