Longtemps revendiqué par la profession, le statut de sage-femme référente a été officialisé il y a quelques semaines. Si une partie de la profession s’en félicite, d’autres sages-femmes libérales dénoncent un accord, qui n’est pas à la hauteur des enjeux.
Après le médecin traitant, la sage-femme référente ….
Bien que l’année 2022 ait renforcé le malaise de toute une profession et plu encore de tout un secteur de la santé, la périnatalité, les sages-femmes libérales peuvent néanmoins se féliciter d’une avancée majeure bien que depuis longtemps appelée de leur vœux. En effet, en décembre dernier, l’Assurance Maladie officialisait cette reconnaissance de la sage-femme référente, notamment en soulignant la décision d’une augmentation significative de leur rémunération. L’Assurance Maladie détaillait ainsi cette enveloppe de 23 millions d’euros destinés à mieux rémunérer les sages-femmes libérales référentes ou celles intervenant dans « des maisons de naissance ou des plateaux techniques ».
Après des mois et même des années de négociations, l’Assurance Maladie a signé cet avenant à la convention nationale avec un des syndicats représentatifs de la profession : l’Union nationale des syndicats de sages-femmes françaises (UNSSF).
Dans les faits, et de manière pratique, chaque femme enceinte pourra désormais désigner une sage-femme référente à l’Assurance Maladie, comme chaque patient est déjà appelé à le faire pour son médecin traitant. La sage-femme libérale ainsi désignée suivra le parcours de sa parturiente, depuis sa grossesse jusqu’à l’accouchement, moyennant une rémunération de 45 euros par grossesse. Si la profession peut se féliciter de cette officialisation (aujourd’hui déjà, les sages-femmes libérales effectuent ce suivi sans bénéficier du titre de référente), de nombreuses maïeuticiennes libérales déplorent les conditions et les modalités d’application de cette mesure.
Une sage-femme référente, déjà décriée par une partie de la profession
D’autres mesures ont été validés par la signature de cet accord, toutes destinées à valoriser le travail des sages-femmes libérales tant en maisons de naissances que sur des plateaux techniques. Ces valorisations se traduisent par plusieurs instaurations de forfait (80 € pour l’astreinte sur le dernier mois de grossesse, 150 € pour la surveillance du post-partum immédiat, …). Interrogé par les journalistes du Monde, Henny Jonkers, membre du conseil d’administration de l’UNSSF, reconnaissait : « L’avenant n’est pas entièrement satisfaisant, mais c’est un début. (…) C’est la première fois qu’on valorise l’accompagnement pendant un accouchement, et pas seulement l’acte technique. » Le syndicat signataire de l’accord déplorait également que rien n’ait été fait pour répondre aux spécificités de l’accouchement à domicile.
Mais cet optimisme ne traduit pas l’impression de toutes les sages-femmes libérales. L’Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF), le second syndicat représentatif de la profession, n’a ainsi pas signé cet accord, estimant que les propositions de l’Assurance Maladie étaient insuffisantes pour répondre aux enjeux soulevés par cette évolution. Caroline Combot, secrétaire générale de l’ONSSF, expliquait avec force : « Nous demandions 60 euros, sachant qu’un médecin perçoit 80 euros pour une ALD. Il n’y a eu aucun effort fait par l’Assurance-maladie ». Pour ce syndicat comme pour de nombreuses sages-femmes, cette reconnaissance du rôle de la sage-femme ne doit pas se faire au rabais, surtout en cette période mouvementée pour le système de soins en France.
Toujours est-il, que cet avenant devrait être appliqué dans les 6 mois suivant sa signature, laissant présager que la sage-femme référente fera son entrée dans le quotidien des femmes enceintes dès cet été 2023, à moins que d’ici là, les conclusions du CNR Santé ne parviennent à d’autres propositions.
Et vous, que pensez-vous de ce nouvel avenant ? Quel est votre avis sur les revalorisations décidées à cette occasion ? Et sur le statut de sage-femme référente ?