Parmi les nombreux chantiers, jugés comme prioritaires par l’Assurance Maladie, la maternité et la petite enfance font l’objet de réflexions et de décisions depuis plusieurs mois. Après la mise en place de la stratégie des 1.000 premiers jours, l’Assurance Maladie entend ainsi renforcer l’accompagnement des femmes enceintes et des enfants de 0 à 6 ans. Une ambition qui n’est pas sans conséquence sur le quotidien des sages-femmes notamment.
Les sages-femmes invitées à participer à l’évolution de notre système de santé
Comme chaque année, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) publie des rapports et des études devant servir à l’élaboration du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS). En 2022, ces travaux préparatoires accompagnent l’ambition gouvernementale de transformer en profondeur notre système de santé. La crise sanitaire du coronavirus a renforcé cette nécessaire évolution, comme le constate le rapport « Améliorer la qualité du système de santé et maitriser les dépenses » en notant que « de profondes évolutions sont nécessaires pour tirer les enseignements de ce moment, faire face aux urgences de très court terme, notamment en matière d’accès aux soins, et mieux répondre aux besoins de santé de la population (…) »
De nombreuses pistes d’évolution sont d’ores et déjà identifiées, même si la grande réunion de tous les acteurs de santé, prévus à la rentrée 2022, devrait en faire émerger de nouvelles. Tous les professionnels de santé sont concernés, et les sages-femmes n’échappent pas à cette mobilisation générale. L’Assurance Maladie présente en effet plusieurs axes de travail dont un est entièrement consacrée à une approche « populationnelle » puisque lié à la maternité et à la petite enfance.
La maternité et la petite enfance, un nouvel axe pour transformer notre système de santé
Il s’agit de mieux accompagner les femmes enceintes mais aussi les jeunes mamans et leurs enfants, jusqu’à ce que ces derniers atteignent l’âge de 6 ans. Le rapport pointe ainsi de « (…) d’importantes marges d’amélioration dans l’accompagnement et le suivi des femmes enceintes, des mères et des enfants de 0-6 ans » en prenant l’exemple du surpoids et de l’obésité. La prévention s’impose alors comme un des outils à mobiliser, et les professionnels de la maternité doivent donc être sensibilisés et formés à ces efforts de prévention. La « stratégie des 1000 premiers jours » sera donc prolongée et renforcée, avec 4 actions prioritaires assignées aux sages-femmes et à tous les professionnels de santé mobilisés :
- La lutte et la prévention des addictions,
- La vaccination,
- L’information et la prévention de la surconsommation de médicaments,
- Le suivi effectif de la femme enceinte et de l’enfant jusqu’à ses 6 ans.
L’Assurance Maladie ne détaille pas encore à ce stade les moyens qui seront consacrés à cette stratégie, un sujet d’autant plus délicat en cette période de pénurie de personnel soignant. En revanche, les rapports insistent sur la nécessité de s’appuyer sur les nouveaux outils (principalement numériques) pour y parvenir.
Si les sages-femmes libérales et hospitalières ne peuvent que se féliciter de cette ambition, certaines attendent néanmoins les textes mettant en œuvre ces nouveaux axes de développement. Les sages-femmes entendent ainsi promouvoir leur place centrale dans le suivi de leurs parturientes et s’irritent que cette revendication ne soit pas intégrée à ces pistes de réflexion, puisque l’Assurance Maladie définit la nouvelle organisation du parcours de soins en expliquant : « L’intervention et la coordination de l’ensemble des professionnels de santé impliqués dans le suivi de la femme enceinte et de l’enfant (sages-femmes, auxiliaires médicaux, professionnels de la santé scolaire et de protection maternelle et infantile…) seront soutenues, autour du médecin traitant qui constitue la clé de voûte d’un parcours de soins efficace et efficient ». Ce sujet de crispation devrait être sur la table des revendications des sages-femmes lorsqu’elles seront consultées par le Ministère de la Santé.
Comment jugez-vous ce nouveau plan consacré à la maternité et à la petite enfance ? Estimez-vous, que le rôle central des sages-femmes doive être textuellement rappelé ?