La profession de sage-femme a longtemps été réservé aux …femmes. Depuis quelques années, des maïeuticiens changent la donne, bien qu’ils restent encore largement minoritaires.
Les sages-femmes, des femmes engagées ! Et les hommes ?
Depuis plusieurs mois, les études (et les polémiques qui en découlent) se multiplient sur la démographie des professions de santé en général et des sages-femmes en particulier. Mieux identifier le profil type des sages-femmes libérales, des infirmières hospitalières ou encore des médecins généralistes doit en effet permettre au ministère de la Santé d’envisager les différentes voies à explorer pour mieux répondre à leurs aspirations et à leurs besoins afin d’améliorer significativement leurs conditions de travail. On connait la priorité du gouvernement depuis des mois : rendre les métiers du soin plus attrayant, quel que soit le mode d’exercice, afin de pouvoir recruter les soignants de demain. Cette exigence se fait plus accrue encore s’agissant des sages-femmes, puisque ces dernières multiplient les mises en garde contre la situation catastrophique des maternités en France et plus généralement de la périnatalité.
Concernant les sages-femmes libérales ou hospitalières, cette étude sur la démographie de cette profession confirme la très forte féminisation de celle-ci. On comptait seulement 641 maïeuticiens en 2021, représentant seulement 2,72 % de la profession. L’histoire même de la profession explique en partie cette féminisation, d’autant plus que les hommes ont été jusque récemment interdits de formation en maïeutique. Faut-il rappeler qu’il aura fallu attendre 1982 pour que l’école de Grenoble accueille, pour la première fois, des étudiants homme. Pourtant aujourd’hui, les mentalités ont grandement évolué, et bien que très largement minoritaires, les hommes sont de plus en plus nombreux à vouloir devenir sage-femme.
Pourquoi vouloir devenir sage-femme quand on est un homme ?
C’est à cette question qu’a voulu répondre la chercheuse associée à Sciences Po, Mme Alice Olivier avec la publication sa thèse en sociologie : Se distinguer des Femmes Sociologie des hommes en formations « féminines » de l’enseignement supérieur. Pour conduire ses études, Mme Alice Olivier s’est appuyée sur son travail sur deux écoles en maïeutique et dans des centres de formation en assistance de service social. Même si la réforme des études de santé a changé la donne, la sociologue confirme que pour bon nombre d’étudiants, le choix de ces formations « féminines » se fait fréquemment par opportunités. Un étudiant, après avoir connu un échec en 1ère année de santé, pourra alors s’inscrire en maïeutique. L’étude bat également en brèches certaines idées reçues : « Statistiquement, ils ne sont pas meilleurs étudiants que les filles, au contraire, mais généralement, ils vivent des expériences étudiantes plutôt confortables. » La sociologue insiste sur la différence sociale incontestable distinguant les hommes et les femmes. Et les étudiants présents dans ces formations de sages-femmes avouent pour certains que « même dans un milieu spécifiquement féminin, être un homme peut être considéré comme un privilège. ». La profession elle-même reconnait ces atouts de voir des hommes devenir sage-femme. Ceux-ci sont ainsi surreprésentés dans les missions à responsabilités, et la part d’hommes s’accroit dans les postes de cadres, de dirigeants d’instances ou d’enseignants. Faut-il y voir une tendance de fond devant conduire à voir la part d’hommes dans la profession s’accroitre ? Les observateurs ne le croient pas.
Et vous, pensez-vous que les hommes seront de plus en plus nombreux à entrer en formation en maïeutique ? Comment jugez-vous de cette minorité et des conséquences pour la profession dans son ensemble ?