En lançant une pétition, une étudiante sage-femme pose la question en s’interrogeant sur les défaillances d’un système alors même que la profession est en grande souffrance.
Devenir sage-femme, une vocation de plus en plus menacée
Dans l’actualité de ces dernières semaines, la colère et même l’écœurement des sages-femmes sont devenus des thèmes récurrents, tant la mobilisation de la profession s’intensifie pour dénoncer une situation jugée comme inadmissible et indigne. Nous ne reviendrons pas aujourd’hui sur ce constat partagé par une grande majorité de maïeuticiennes, qu’elles soient sages-femmes libérales ou qu’elles œuvrent à l’hôpital. En revanche, il faut souligner, que cette colère est partagée, en grande partie, par les étudiantes et étudiants. Les raisons peuvent différer, mais la même inquiétude quant à l’avenir de la profession se fait sentir.
L’Association Nationale des Étudiants Sage-Femme (ANESF) confirmait ainsi, qu’une grande partie des 4ème et 5ème année s’étaient mobilisés lors du mouvement de contestation des 24, 25 et 26 septembre dernier. Car si la profession souffre du manque chronique d’effectifs, de la non-reconnaissance de leur statut de soignant à part entière, du manque de moyens, …, cela se ressent aussi sur les étudiants cherchant à concrétiser une vocation souvent chevillée au corps. Une enquête réalisée en 2018 par l’ANESF – et on peut logiquement douter que la situation se soit améliorée depuis, soulignait que 7 étudiantes sur 10 présentaient des signes dépressifs. Dans ces conditions, l’augmentation du nombre d’abandons d’études ou de réorientations n’apparaissait pas comme surprenant, même s’il engendre de nouvelles interrogations et de nouvelles craintes, tant les besoins en maïeuticiennes devraient s’accroitre également dans les années à venir.
Les études pour devenir sage-femme, un cursus trop fermé ?
Pour l’ANESF, étudiantes et étudiants doivent se mobiliser pour lutter contre ce que l’association étudiante qualifie de « naufrage de la profession ». La récente réforme des études de santé a déjà fait couler beaucoup d’encre et s’agissant de la spécialité de sage-femme, le cursus interroge encore aujourd’hui quant à son manque d’ouverture. En effet, la suppression de la PACES est désormais effective, même si beaucoup voient dans le PASS (Parcours d’accès spécifique Santé) les mêmes travers que dans l’ex-PACES à commencer par une sélectivité outrancière. La disparition du numérus clausus n’est qu’un transfert de cette capacité à décider du nombre d’étudiantes sage-femme des autorités sanitaires aux responsables d’universités. Le Professeur Saint André, qui est à l’origine du rapport ayant conduit à la suppression de la PACES, alertait déjà sur cette réalité des chiffres :
« Quoi qu’on fasse, il y a beaucoup plus de candidats aux filières santé que de places disponibles. Et même s’il n’y a plus le numerus clausus il y aura un contrôle des flux. Et donc, il y aura forcément des déçus. »
Mais la Licence avec Option Accès Santé (LAS) devait permettre d’atténuer cette sélectivité, en laissant la possibilité aux étudiantes et étudiants de choisir un parcours double-compétence. Il faudra attendre quelques années avant de pouvoir tirer un enseignement de cette création, même si les premiers retours des futures maïeuticiennes, mais aussi des futurs kinés ou médecins ne sont guère encourageants.
Enfin, une autre voie permet également à des étudiantes ou étudiants d’intégrer directement la 2ème ou 3ème année du cursus après avoir obtenu un diplôme BAC + 5 dans ure filière. Cette orientation en « passerelle » est rare mais existe depuis 2010 avec la volonté affichée d’élargir les profils des étudiantes et des étudiants. Et cette manière d’accéder à ces études de sage-femme fait elle-aussi débat puisqu’une pétition a été lancée, recueillant en quelques jours plus de 7.000 signatures. Il s’agit de dénoncer le caractère discriminatoire de cette orientation passerelle, qui rend les études de maïeuticiennes payantes pour les étudiantes concernées. Non seulement, la pétition demande à ce que ces études soient gratuites pour toutes les étudiantes et étudiants, mais elle souligne aussi la nécessité de l’élargir :
Nous souhaitons aussi que davantage de places soient ouvertes en passerelle, notamment lorsque les promotions sont si peu remplies.
Encore un sujet supplémentaire de discorde entre les sage-femmes et les autorités sanitaires.
Et vous, comment jugez-vous le cursus pour devenir sage-femme ? Estimez-vous que ces études en passerelle devraient être gratuites pour ces étudiantes et étudiants ?
Je suis Sage-femme du Burundi et j’aimerais savoir comment les études de sage-femme sont organisées chez vous?Chez nous c’est un Bachalauréat de 3ans.Je veux faire d’autres commentaires après avoir reçu la réponse.