Parce que les sages-femmes désespèrent de faire comprendre l’urgence de leur quotidien, elles espèrent désormais que les parents puissent à leur tour porter leur combat.
Les questions démographiques questionnent aussi les sages-femmes
Depuis quelques jours, la société française est traversée par un débat, initié par la publication d’une enquête sur les pratiques de certains établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes : Les fossoyeurs de Victor Castanet. L’enquête, qui aura duré 3 ans, a mis à jour une gestion plus financière qu’humaine de ces établissements devant prendre soin de nos aînés. Si la société tout entière a été heurtée et choquée par ces révélations, ce livre interroge d’autant plus au regard des perspectives démographiques. Selon les projections de l’Institut National de la Statistique et des études économiques (INSEE), la France devrait compter, en 2070, une population équivalente à celle évaluée pour 2021 (soit 67.4 millions d’individus) mais 5.7 millions de personnes âgées d’au moins 75 ans de plus. Dans ces conditions, on comprend mieux que le problème de la dépendance et du grand âge soit appelé à devenir central dans les années à venir.
Ces questionnements ne concernent pas au premier abord les sages-femmes libérales ou hospitalières. Pourtant, les projections démographiques soulignent aussi l’augmentation des naissances dans les années à venir, et donc les responsabilités auxquelles devront faire face les maïeuticiennes. Ces dernières, en revanche, continuent d’insister, sous de multiples formes, de l’urgence à réformer le quotidien actuel. Qu’il s’agisse d’interpeller les candidats à l’élection présidentielle pour les inciter à nourrir de hautes ambitions pour la réforme du système de santé ou qu’il s’agisse de multiplier les mobilisations afin d’alerter le grand public et les autorités, les sages-femmes veulent faire comprendre les dangers que font peser les dysfonctionnements et les anomalies, qu’elles dénoncent depuis de trop longues années. Et c’est justement parce qu’elles n’arrivent pas à se faire entendre (ou tout du moins pas suffisamment à leur goût), que les sages-femmes appellent, depuis plusieurs semaines, les nouveaux parents à joindre leurs voix à la leur.
Les sages-femmes libérales et hospitalières appellent les parents à se faire entendre
L’objectif des sages-femmes hospitalières est certes sur le devant de la scène, avec des revendications multiples concentrant la priorité sur deux axes majeurs :
- Une revalorisation (rémunération, reconnaissance, conditions de travail, …) des maïeuticiennes en général,
- Une augmentation conséquente des objectifs.
Les attentes des sages-femmes libérales ne sont pas éloignées de celles-ci avec des problématiques spécifiques liées à la condition d’exercice en libéral. Si le mot d’ordre « une femme, une sage-femme » a permis de simplifier et clarifier leurs exigences, il n’a pas assuré une prise de conscience massive et rapide. Le manque chronique de sages-femmes dans les maternités, mais aussi en ville représente une véritable mise en danger pour la santé des mamans et des nourrissons. Les témoignages sont innombrables et dans les colonnes du journal La Dépêche, Chloé, sage-femme au centre hospitalier d’Agen, résume parfaitement la situation :
« L’activité augmente tous les ans et sans vraiment d’effectifs supplémentaires. (…) Comment voulez-vous faire quand on se retrouve avec plusieurs accouchements à gérer, avec des situations d’urgence en consultation ? »
Cette urgence est dénoncée par toutes les sages-femmes qu’elles soient libérales, hospitalières ou même mixtes et pourtant, année après année, le constat reste inchangé. C’est pourquoi, ces professionnelles, qui sont de plus en plus nombreuses à s’interroger sur leur vocation et leur envie de poursuivre dans de telles conditions, cherchent aujourd’hui de nouvelles solutions pour que ce cri d’alarme soit entendu et surtout pris en compte. Et les parents sont les premiers relais auxquels les sages-femmes s’adressent. « Quand les parents le découvrent, ils sont en règle générale très surpris. Alors on leur dit que s’ils veulent nous aider, ils peuvent écrire. » souligne Chloé, qui après 20 ans de pratique professionnelle en tant que sage-femme, se sent désabusée. Il reste à savoir, si la mobilisation des parents sera suffisante pour faire de ces questions un autre enjeu majeur de la Santé en France …
Estimez-vous que les parents et plus généralement la population sont suffisamment informés et mobilisés ? Que pourrait-on faire de plus pour inciter le plus grand nombre à rejoindre le mouvement ?
Je soutiens !