Comme l’année dernière, les sages-femmes libérales et hospitalières alertent le grand public et les autorités sanitaires sur les dangers pesant sur la périnatalité en France pour la période estivale ? Un constat inquiétant quant à l’évolution de la profession elle-même.
L’été, la période sombre pour toutes les sages-femmes ?
L’été 2022 avait été présenté par les organisations représentatives des sages-femmes libérales et hospitalières comme une urgence absolue pour la périnatalité en France. Les maïeuticiennes alertaient dès le printemps de l’année dernière d’une situation dangereuse pour la santé des mamans et de leurs nouveau-nés. L’organisation des soins liés à l’accouchement était, selon de nombreux observateurs et professionnels concernés, au bord de l’explosion. Le pire n’a pas eu lieu, même si les sages-femmes libérales et hospitalières ont éprouvé de grandes difficultés à tenir le cap et à assurer leurs missions.
Pourquoi cette situation avait pu se développer et éclater au grand jour en 2022 ? Les raisons étaient alors multiples. Les sages-femmes revendiquent depuis longtemps le manque de moyens chronique, un déficit qui conduit inéluctablement à une dégradation significative des conditions de travail. A cette situation connue et déjà ancienne s’ajoutaient deux années de crise sanitaire. La crise du Covid-19 avait mis à mal le système de santé dans son ensemble. Tous les professionnels de santé, de la sage-femme libérale au médecin hospitalier, se sentaient exténués. Mis bout à bout, ces raisons laissaient prévoir une accélération de ces dégradations pendant la période estivale. Le besoin de congés, de repos de la part des acteurs de la périnatalité (après deux ans de forte mobilisation) allait désorganiser davantage es maternités de France, et certaines devraient même être fermées ce qui laissait entrevoir une situation présentée comme catastrophique par beaucoup.
La période estivale, une mise en lumière des conditions de travail des sages-femmes
Aujourd’hui, en 2023, les alertes du même genre se multiplient. L’été va-t-il devenir cette période au cours de laquelle les sages-femmes vont se faire entendre pour exprimer leur colère et leur ras-le bol. On peut le craindre en effet, tant les constats dressés en 2022 semblent pouvoir être dressés à l’identique aujourd’hui. Certes, le ministère de la santé et de la prévention a pris des décisions. D’un côté, le statut de professionnel de santé à part entière des maïeuticiennes a été officiellement reconnu et réaffirmé avec une réforme de la formation de la profession. Devenue Docteure en Maïeutique, la sage-femme libérale ou hospitalière de 2023 n’a pu que déplorer le sort promis aux petites maternités, qualifiées de « non rentables » et appelées à fermer ou à se rapprocher de grandes structures. Si des efforts ont été faits quant à la revalorisation salariale des sages-femmes hospitalières, les organisations représentatives dénoncent la faiblesse de cet effort, ne correspondant aucunement aux attentes des professionnelles. Dans un communiqué publié le 19 juin dernier, le Syndicat National des Gynécologues et Obstétriciens de France (SYNGOF) rappelait cette situation condamnable et périlleuse.
Depuis de nombreuses années, le SYNGOF et l’ensemble des représentants de périnatalité alertent sur la baisse alarmante des effectifs de gynécologues obstétriciens, anesthésistes, pédiatres et sages-femmes qui conduisent à la fermeture de nombreuses maternités
Et le communiqué insistait sur le danger supplémentaire que représente désormais la régulation de l’intérim en milieu hospitalier. Comment garantir la qualité et la continuité des soins sans recours à l’intérim médical alors qu’« (…) aucun jeune praticien ne veut cautionner le danger médical (…) » ? L’été 2023 serait-il encore plus menaçant que 2022 ? Et pire encore, est-on condamné à voir au fil des ans la pression s’accentuer davantage sur les maternités de France ? Toujours est-il que les mises en garde se multiplient tant de la part des médecins que de celle des sages-femmes ….Faudra-t-il attendre 2024 ou 2025 pour réagir ?
Estimez-vous que la situation en 2023 n’a guère changé depuis 2022 ? Êtes-vous craintive pour cet été 2023 ? Pensez-vous que des mesures concrètes et adaptées soient prises dans les prochaines semaines ?