L’économie de la santé en question, quelles conséquences pour les sages-femmes ?
C’est un sujet, qui en apparence (mais en apparence seulement) ne concerne pas spécifiquement les sages-femmes libérales : l’économie de la santé. En effet, la consultation d’une sage-femme libérale conventionnée ou au sein d’une structure hospitalière ou autre est remboursée aux patientes par la Sécurité Sociale. Les examens de suivi et de surveillance de la grossesse, qu’ils soient réalisés par un médecin gynécologue ou par une sage-femme, définissent le parcours de soins, pris en charge par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie. Bien que les autorités publiques entendent régulièrement optimiser cette prise en charge, comme avec l’instauration de nouveaux examens, obligatoires ou non, l’activité des sages-femmes libérales ou hospitalières n’était pas la cible principale d’une des principales réformes de l’économie de la Santé de ces dernières années : le panier 100 % Santé.
Car si d’un côté, le gouvernement entend garantir l’égalité d’accès aux soins à toutes les Françaises et à tous les Français en luttant notamment contre la désertification médicale, il entend également assurer le droit à la santé pour tous, en permettant à chacun d’accéder à un parcours de soins efficient et adapté. Et la question économique peut alors devenir un sujet crucial, notamment pour éviter le renoncement aux soins. C’est dans le même esprit, que des discussions se sont engagées, depuis plusieurs semaines, pour envisager sous quelle forme et dans quelles conditions, la Sécurité Sociale, telle que nous la connaissons aujourd’hui, pourrait évoluer vers une « Grande Sécu »
Le projet d’une « Grande Sécu », une transformation profonde de l’économie de la santé ?
En souhaitant optimiser l’articulation entre l’assurance obligatoire d’une part et les complémentaires santé d’autre part, les autorités publiques entendent réduire le reste à charge des patients, sans pour autant laisser les comptes déraper. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, expliquait ainsi le 8 novembre dernier :
« La réponse, ça n’est pas moins de droits, c’est plus de droits, mieux de droits. C’est d’ailleurs dans ce cadre que j’ai demandé au Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie de réfléchir à l’articulation entre assurance maladie obligatoire et complémentaire. »
Ce haut conseil pour l’avenir de l’Assurance Maladie (HCAAM) étudie alors plusieurs évolutions possibles, dont celle d’une Grande Sécu, qui reviendrait à faire supporter par la puissance publique l’ensemble des remboursements. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, les sages-femmes aussi se sentent concernées, puisqu’elles dénoncent les inégalités provoquées par le système actuel pour leurs parturientes. Une sage-femme de la CPTS du 20ème arrondissement de Paris a même interpellé, avec d’autres professionnels de santé, le ministère de la Santé à ce sujet en détaillant un exemple précis. Évoquant la situation d’une jeune femme de 26 ans sans complémentaire, la sage-femme explique :
“Je la vois car elle est en début de grossesse, et elle n’est pas à jour dans son dépistage du cancer du col de l’utérus. Elle est d’accord pour un frottis maintenant, organisé et pris en charge à 100%. Nous prenons rendez-vous mais nous avons oublié le reste à charge de ma consultation. En effet, seule l’analyse du test de dépistage (cytologique ou HPV) est prise en charge à 100% dans le cadre du nouveau dépistage organisé. Elle doit donc me payer 12.46 euros mais elle ne les a pas.”
C’est parce que le sujet est d’importance, que les sages-femmes comme toutes les autres professions libérales de santé demandent à être invitées à participer au débat du HCAAM. La demande est d’autant plus pressante, que le sujet pourrait faire partie des sujets concentrant l’attention des candidats à l’élection présidentielle, et que les soignants n’acceptent pas d’être écartés d’une situation, qui les concerne à plus d’un titre. Seront-ils entendus ?
Et vous, estimez-vous que cette « Grande sécu » verra le jour à court ou moyen terme ? Quelles seraient selon-vous les exigences à poser pour une telle évolution ? Êtes-vous inquiète d’une telle évolution de l’économie de la Santé ?