Retour sur cette année 2021, qui restera gravée du sceau de la crise sanitaire du coronavirus mais aussi des mobilisations récurrentes des sages-femmes. Que faut-il retenir de ces douze derniers mois ? Et que faut-il attendre de cette nouvelle année 2022 ?
2021 touche à sa fin, et déjà de nombreuses questions se posent quant à la nouvelle année qui s’annonce. Comme tous les professionnels de santé, les sages-femmes libérales et hospitalières ont vécu une année 2021 difficile, marquée par la crise sanitaire du coronavirus. Mais, les sages-femmes ont également connu bien d’autres problématiques, qui les ont accompagnées tout au long de l’année. Et en consultant le fil de cette année écoulée, on peut mesurer le chemin parcouru d’une part mais aussi les questions qui ne manqueront pas de revenir sur le devant de la scène au cours de la nouvelle année.
De la mobilisation pour lutter contre la crise sanitaire aux revendications de toute une profession
En janvier 2021, la décision de renforcer le développement des maisons de naissance était salué par la profession. Les sages-femmes faisaient aussi connaître leur impatience auprès des autorités publiques de voir leurs revendications entendues, surtout après un Ségur de la Santé (été 2020) qui n’avait pas été à la hauteur de leurs espérances. Le 26 janvier, une mobilisation générale des sages-femmes libérales et hospitalières attestaient de cette colère. Les sages-femmes libérales soulignaient déjà leur mécontentement, comme l’écrivait en février 2021, Martine Gouézé :
« Pour être libérale, il est nécessaire d’accepter l’absence de congés payés, d’arrêt maladie et un bénéfice en dessous du salaire d’une titulaire hospitalière, de savoir gérer l’agenda, la qualité de prise en charge, le rendement horaire, apprendre dans tous les secteurs de compétences, (…) »
Pour autant, ces premières semaines de l’année étaient marquées par un attentisme des professionnels de santé, mobilisés pour la lutte contre le coronavirus. Ne pouvant plus attendre au vu d’une situation jugée « catastrophique » par de nombreuses maïeuticiennes, la profession se mobilisait à nouveau le 24 février, annonçant bien que 2021 serait une année de revendications et de contestation pour la profession.
Une année à vouloir se faire entendre pour quel résultat ?
Certes, la loi RIST, discutée au Parlement en mars dernier, proposait d’officialiser le statut de la sage-femme référente, répondant ainsi à une demande ancienne de la profession, mais elle était jugée comme insuffisante par les sages-femmes. A la fin du mois de mars, une vaste étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) étudiait les perspectives en termes de démographie des professions de santé, dont les maïeuticiennes. L’étude nous apprenait que le nombre de sages-femmes devrait croitre jusqu’en 2048 avec une prévision de 29.400 professionnelles. En revanche, la DREES mettait aussi en lumière une autre tendance forte, à savoir la progression importante du nombre de sages-femmes libérales (+70 % pour les 30 prochaines années) au détriment de leurs consœurs hospitalières (+1 % pour la même période).
En parallèle de ces actualités, les sages-femmes continuaient à dénoncer leur condition de travail d’une part mais aussi le manque de reconnaissance voire le mépris des autorités publiques. Au début de l’été 2021, plusieurs associations tiraient même la sonnette d’alarme en prédisant un été noir dans les maternités. A la sortie de cet été difficile, les sages-femmes essuyaient un nouvel affront avec la publication, au début du mois de septembre du rapport de l’IGAS : L’évolution de la profession de sage-femme. Interrogée par les journalistes du Monde, Marianne Benoit Truong Cahn, vice-présidente du Conseil national de l’ordre des sages-femmes (CNOSF) se désolait de ce rapport, tant attendu par la profession :
« J’ai l’impression d’être en 1940. Il y a tout un paragraphe sur la conciliation entre la vie professionnelle et la vie familiale. On est constamment traitées comme des enfants ou des femmes au foyer. »
Ce rapport n’apaisait en rien la colère des maïeuticiennes, qui continuaient leur mobilisation. Ces mobilisations, qui se sont multipliées tout au long de l’année ont conduit à la signature d’un protocole d’accord le 22 novembre dernier, que le gouvernement a présenté comme historique pour la profession avec « un engagement de 100 millions d’euros en 2022″. Et pourtant, de nombreuses sages-femmes, ainsi que plusieurs organisations représentatives de la profession, ont déjà fait savoir que tout était loin d’être réglé, loin de là et que la mobilisation perdurerait. Est-ce le signe que 2022 risque bien de ressembler à 2021 ?
Et vous, que retiendrez-vous de cette année 2021 ? Et qu’espérez-vous pour 2022 ?