Au quotidien, la sage-femme libérale accompagne ses patientes en veillant à se conformer à bien des contraintes. La sécurité informatique en fait désormais incontestablement partie, et pourrait même prendre encore plus d’importance dans les semaines et les mois à venir.
La maïeutique à l’heure de la transformation digitale, une réalité aux multiples facettes
En quelques années, les innovations techniques et technologiques ont profondément transformé l’économie française, et tous les secteurs d’activité sont concernés par cette transformation digitale, dont le rythme de diffusion s’accélère encore. Le monde de la santé n’échappe pas à cette transformation inéluctable, et la Réforme du système de santé, introduite en 2018, « Ma Santé 2022 » faisait de la télémédecine et de la e-santé des enjeux d’avenir. Les sages-femmes, comme toutes les autres professions de santé, ont vu leur quotidien et leur activité bouleversés par l’introduction de ces nouvelles technologies.
Le numérique et ses innombrables applications ont permis l’émergence de nouvelles techniques pour le suivi des femmes enceintes. Les outils informatiques ont dématérialisé la gestion des dossiers de suivi des parturientes ou encore la gestion des agendas des sages-femmes libérales. S’appuyant sur ces nouvelles technologies, la télémédecine et les télé soins sont devenus des réalités intangibles, profitant notamment de la crise sanitaire de la Covid-19, pour accélérer leur généralisation. Cette accélération du rythme des transformations s’est accompagnée, à chaque étape, par une évolution des textes réglementaires, comme par exemple, les textes encadrant le suivi à distance des femmes par les sages-femmes pendant les périodes de confinement. Feuilles de soins électroniques, échanges dématérialisés entre les professionnels de santé et les patients, automatisation de la prise de rendez-vous, …, la sage-femme de 2021 est une professionnelle connectée et aguerrie à ces nouvelles technologies. En revanche, cette santé du futur n’est pas sans soulever plusieurs problématiques notamment en ce qui concerne la continuité des soins mais aussi la sécurisation des données.
Les sages-femmes libérales, des garantes de la protection des données
A l’hôpital comme pour les soins de ville, les patients doivent pouvoir faire appliquer leurs droits, notamment s’agissant de la sécurisation des données les concernant. En d’autres termes, puisque les professionnels de santé ont accès à des données sensibles (les données de santé), ils ont le devoir de les protéger et de garantir la confidentialité. Au quotidien, la sage-femme libérale devra donc déployer les efforts nécessaires au respect de ces nouvelles règles, notamment pour appliquer les consignes posées par le RGPD (Règlement Général de la Protection des Données). Ces nouvelles obligations faites aux professionnelles de santé se substituent à d’autres plus traditionnelles, mais la numérisation de tout le processus (recueil, traitement, stockage des données) a également fait naître de nouvelles convoitises de la part de délinquants d’un nouveau genre. Puisqu’à l’heure du Big Data, les données sont considérées comme représentant une valeur inestimable, les tentatives frauduleuses pour s’en emparer se multiplient. La sécurité informatique, domaine à priori bien éloigné du quotidien d’une sage-femme dans son cabinet, devient un enjeu de santé publique.
En début d’année 2021, des hackers, les délinquants du monde 2.0, ont ainsi pris possession de l’ensemble des données de certains établissements hospitaliers en France. Ces derniers ont été, pendant quelques semaines, privés de tout accès aux données de gestion mais aussi aux données santé de leurs patients. Et pourtant, ces établissements hospitaliers consacrent des moyens importants à sécuriser leur système informatique.
Que pourrait alors un cabinet de sage-femme libérale soumis à une telle cyber-attaque, alors même qu’un hôpital aux moyens bien plus importants ne parvient pas à lui résister ?
Dans un contexte de crise sanitaire (COVID-19), le gouvernement entend ne pas prendre de retard dans le déploiement d’une stratégie de protection ambitieuse. C’est ce que confirmait le Ministre de la Santé, Olivier Véran : « Depuis le début de l’année, un établissement de santé est victime chaque semaine d’une cyberattaque. C’est pourquoi nous faisons le choix d’investir massivement dans la sécurité des systèmes d’information de santé à travers le Ségur de la Santé »
Et le ministère de la Santé a d’ores et déjà annoncé, que si la priorité du moment consistait bien à sécuriser les différents sites hospitaliers, un volet de ce plan de protection serait destiné aux soignants de ville, parmi lesquels les sages-femmes libérales.