Les sages-femmes doivent aujourd’hui faire face à une situation tendue. Entre la proposition de loi se proposant d’encadrer l’avenir de notre système de santé et l’oubli des sages-femmes par le Président de la République, en lui-même, leur avenir semble s’assombrir quelque peu. Simple ressenti ou réalité incontestable ?
La loi RIST, un cadre pour l’avenir de notre système de santé
Tous les professionnels de santé, et parmi-eux les sages-femmes libérales et hospitalières, se souviennent du tapage médiatique, qui avait entouré le Ségur de la Santé au début de l’été 2020. Tous se souviennent également de la frustration qui était née de ce rendez-vous manqué. Certains soulignaient le manque de moyens financiers, matériels et humains, quand les sages-femmes déploraient encore et toujours le manque de reconnaissance des pouvoirs publics. Considéré comme un Ségur de l’Hôpital, les ambitions du gouvernement ne concernaient que très légèrement les professionnels libéraux de santé et encore moins les relations entre les soins de ville et l’hôpital.
C’est notamment pour répondre à cette colère des professionnels, que la loi RIST est débattue au parlement. Cette proposition de loi « visant à améliorer le système de santé par la confiance et la simplification », avait suscité une nouvelle levée de bouclier, en proposant la création d’une nouvelle profession médicale intermédiaire, création depuis abandonnée (même si les pouvoirs publics laissent entendre que cette mesure n’est pas totalement abandonnée). Destinée à simplifier le système de santé, la loi RIST élargit certaines prérogatives des sages-femmes, dont la suppression de la limite de 15 jours pour les arrêts de travail ou encore la suppression d’un statut de sage-femme référente. Si des réponses sont donc apportées à quelques revendications, cette proposition de loi ne représente pas le cadre abouti et organisé que souhaitait la profession.
Un avenir menacé pour les sages-femmes en colère
Le manque de moyens humains constitue ainsi une revendication forte de la profession, tant dans les maternités que dans les maisons de naissance. La mobilisation des sages-femmes de ces dernières semaines atteste de ce constat implacable du manque criant de professionnelles. Et les sages-femmes de demain se forment aujourd’hui, et là aussi, les inquiétudes sont fortes. Entrée en vigueur en septembre 2020, la Réforme du premier cycle des études de santé MMOP (Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie) a amené les étudiants à se constituer en collectif pour dénoncer l’inégalité des chances, qui conduira, selon eux, à une répartition inégalitaire des étudiants dans chacune des filières. En effet, les nouveaux étudiants, ayant intégré une Pass ou une LAS, se sont sentis désavantagés lorsque le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche avait annoncé que 3672 places en 2nde année seraient réservées aux seuls redoublants de l’ancienne PACES. La mobilisation a conduit le Ministère à revoir sa copie, et à accroitre les capacités d’accueil en 2nde année de 2.000 places supplémentaires. Cette hausse de 14,3 % ne doit cependant pas manquer, selon le collectif étudiant, les nombreuses questions soulevées par les « besoins de santé de la population » appelés à se substituer au numerus clausus. Désormais, ce sont les collectivités locales et les ARS, qui fixeront, par période de 5 ans, le nombre de sages-femmes, de dentistes, … à former. Sur quels critères et avec quelle transparence ? Les sages-femmes n’ont, à ce jour, toujours pas de réponses.
Les sages-femmes après les vétérinaires, un oubli qui fait mal à la profession
On sait enfin, qu’après le manque de moyens humains et financiers (la revalorisation salariale constitue également une revendication forte), les sages-femmes déplorent fréquemment le mépris dont elles se sentent victimes. Et le discours du Président de la République, Emmanuel Macron, du 31 mars dernier, a représenté un ultime affront. Évoquant la stratégie gouvernementale en matière de vaccination, le président déclarait ainsi : « Au total 250 000 professionnels, médecins, pharmaciens, sapeurs-pompiers, infirmiers, vétérinaires sont aujourd’hui prêts à contribuer à ce grand effort national ».
Tous étaient cités donc à l’exception des sages-femmes de France. Les réactions ne se sont pas fait attendre, et partout en France, les sages-femmes libérales et hospitalières ont dénoncé cet oubli, que certaines jugent comme très révélateur d’un état d’esprit. En Bretagne, une sage-femme a même publié une tribune ouverte s’interrogeant publiquement :
« Peut-être nous a-t-il incluses dans les médecins, ce qui après tout serait légitime puisque nous sommes une profession médicale à part entière (…) ou alors peut-être sommes-nous si peu nombreuses, si insignifiantes qu’on nous met plus loin dans la liste après les vétérinaires ? »
Et vous, avez-vous été choqué.e.s par l’oubli du Président de la République ? Et quel avenir voyez-vous pour notre profession de sage-femme ?
C’est triste
C’est vraiment injuste, mais si il n’y avait que les sages-femmes qu’il oublie !😡
Profession majoritairement féminine, destinée aux femmes, donc oubliable. 😢😡
J’ai accouché pendant le premier confinement séjour à la maternité seule avec notre fille… Pour notre premier enfant… Elles ont du faire le soutien physique car j’étais privé de mon conjoint 🤬🤬🤬 et franchement en état normal ce n’est pas facile alors là elles ont encore plus galéré… Je trouves Ça tellement dégueulasse…
Virginie Mauraineaurin