Les sages-femmes et la transformation digitale, une réalité en pleine évolution
La transformation digitale est aujourd’hui une réalité de plus en plus pressante sur tous les secteurs de l’économie, et le domaine de la santé n’est pas épargné par cette transformation continue, appelée à s’accélérer dans les années à venir. Les professionnels libéraux de santé, dont les sages-femmes, ont eux-aussi profité de ces innombrables innovations qui ont permis de profondément transformer leur quotidien. La dématérialisation des échanges entre ces professionnels d’une part et l’Assurance Maladie et les Mutuelles d’autre part, fait partie des grandes transformations en la matière, même si les sages-femmes libérales disposent aussi de nouveaux outils numériques pour gérer leur activité, leur agenda ou encore les dossiers des parturientes.
Même la communication et la prise de rendez-vous ont connu une profonde mutation avec cette digitalisation. A ce titre, l’Ordre national des sages-femmes a même édité un outil « Préserver sa réputation numérique. Guide Pratique », attestant de l’importance du phénomène. Il s’agit ici d’aider les sages-femmes à maitriser l’image, qu’elles véhiculent sur la Toile et à leur présenter les moyens et les outils disponibles mis à leur disposition.
Mais cette digitalisation ne concerne pas que cette gestion du quotidien pour les professionnels de santé. Au contraire, elle est à l’origine d’une nouvelle ambition e-santé de la part des autorités sanitaires, notamment à l’occasion de la réforme « Ma Santé 2022 ». Le Dossier Médical Partagé (DMP) symbolise cette volonté de s’appuyer sur cette digitalisation pour accélérer la transformation de notre système de santé. Cette ambition n’occulte pas les grandes orientations décidées par le Ministère de la Santé, à savoir inciter au renforcement des collaborations entre les différents professionnels de santé et mieux gérer les relations être l’hôpital et les soins de ville. Les sages-femmes sont également concernées par cette orientation, qui a trouvé un nouveau coup d’accélérateur depuis la crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus.
La crise du coronavirus, un accélérateur pour les sages-femmes 2.0
Dès le début de la crise sanitaire du coronavirus, au début de l’année 2020, le Haut Conseil de la Santé Publique (HSCP) a confirmé que les femmes enceintes au 3ème trimestre de la grossesse étaient considérées comme des personnes vulnérables face au Covid-19. Aussi, dès le 23 mars 2020, les sages-femmes libérales étaient autorisées à recourir aux téléconsultations pour le suivi de leurs parturientes. Le même HSCP recommandait aux sages-femmes de privilégier ces nouvelles formes de consultations mais aussi d’échanges dématérialisées pour le « suivi obstétrical en ville des femmes à bas risque ». Il en allait de même pour permettre à ces professionnelles de santé d’accompagner les sorties précoces de la maternité, dont le nombre a considérablement augmenté depuis le début de la crise épidémique.
Bien qu’il ne s’agisse pas, à proprement parler, d’innovations mais plutôt d’élargissement de l’utilisation des possibilités, ces recommandations ont amené de nombreuses sages-femmes à s’initier, à se former et à s’expérimenter à ces consultations à distance. Bien que décriée par certaines professionnelles, cette « visio » a permis néanmoins de faire face à la situation et d’accompagner au mieux les femmes enceintes. Pour y parvenir dans les meilleures conditions, les sages-femmes se sont vues rappelées la nécessité de disposer d’une Messagerie Sécurisée de Santé (MSSanté). Outre cette messagerie dédiée, certaines régions se sont dotées, à travers la mobilité des Agences Régionales de Santé (ARS), d’outils de coordination comme par exemple, en Nouvelle Aquitaine, région où a été créé un « parcours de soins numérique pour le suivi de la grossesse et la sortie de maternité ».
Certains s’interrogent sur l’efficacité de ces dispositifs, alors que d’autres soulignent que ce parcours numérique, organisé notamment par les sages-femmes libérales, mériterait d’être adapté pour pouvoir s’intégrer durablement dans le quotidien de ces professionnelles de santé.
Et vous, avez-vous ressenti cette accélération de la numérisation de votre quotidien ? Estimez-vous que les mesures dérogatoires prises pendant la crise sanitaire ont vocation à perdurer ?