Le 26 janvier 2021, toutes les sages-femmes libérales et hospitalières de France étaient appelées à se mobiliser. Ces professionnelles de santé dénonçaient une dégradation continue de leurs conditions de travail ainsi qu’un mépris de la part des autorités sanitaires. Elles ont fait entendre leur besoin de reconnaissance et leur ambition de protéger une profession essentielle à la société. Seront-elles entendues ?
Sage-femme libérale ou hospitalière, une profession pour des réalités multiples
Si la grève nationale organisée le 26 janvier dernier concernait toutes les sages-femmes, qu’elles exercent à l’hôpital ou sous statut libéral, toutes ces professionnelles ne connaissent pas la même réalité au quotidien. Bien évidemment, le travail d’une sage-femme en maternité ne peut pas être comparé à celui d’une consœur ayant décidé d’ouvrir son propre cabinet. Et pourtant, les revendications restent les mêmes, et deux sujets reviennent au cœur des préoccupations de ces sages-femmes :
- Des conditions de travail dégradées, qui ne s’améliorent pas avec le temps et avec de nombreuses questions pour les mois et les années à venir
- Une reconnaissance de la profession, avec de nombreuses revendications portant sur la dénonciation du mépris, dont se dit victime la profession.
Parfois, le parcours professionnel de ces sages-femmes reflète ces deux aspects de la profession, comme l’a expliqué Alexia Bonnet, une sage-femme libérale de Ville la Grand aux journalistes du Messager. Elle détaille son ambition de s’installer à son compte après avoir travaillé un peu plus de deux ans en hôpital : « « En hôpital, les conditions de travail sont infernales. On peut travailler 10 heures de suite et quand on est de nuit on ne touche que 8 euros de plus qu’en journée ! »
Des conditions de travail qui se dégradent et qui posent question !
Les sages-femmes s’indignent des conditions de travail, en pointant du doigt de nombreux dysfonctionnements. En premier lieu, et comme pour toutes les autres professions de santé, elles soulignent les sous-effectifs notoires et récurrents. La profession est peu connue du grand public, et toujours oubliée par les autorités publiques. Toutes les organisations syndicales représentatives de la profession dénoncent ce « mépris » affiché tant à l’hôpital que pour les sages-femmes libérales. Alors, ce 26 janvier, les sages-femmes se sont fait entendre pour demander une amélioration de ces conditions de travail mais aussi une véritable reconnaissance de cette profession. A l’instar des médecins, des pharmaciens et des dentistes, les sages-femmes sont considérées comme une profession médicale selon le Code de la Santé Publique. Et pourtant, lors du Ségur de la Santé, elles ont bénéficié d’une revalorisation salariale à l’hôpital (+183 €) comme l’ensemble des personnes paramédicaux.
Cet oubli de la profession a poussé certaines professionnelles à rechercher l’origine de ce mépris. Et la présidente de l’URPS PACA, Mme Aurélie Rochette exprime une idée partagée par beaucoup de ses consœurs : « le problème c’est qu’on est une profession quasi-exclusivement féminine qui s’occupe exclusivement de femmes« .
Une profession mobilisée prête à se faire entendre
A ces conditions de travail éprouvantes et usantes s’ajoute donc la délicate question de la reconnaissance. Les sages-femmes s’indignent d’avoir dû attendre des années pour que leurs études (Bac + 5 pour devenir Sage-Femme) soient reconnues au grade de master. Et pourtant, les salaires à l’hôpital ne sont pas à la hauteur de celles-ci ni même des responsabilités endossées. « Au dernier Ségur de la santé, on était complètement invisibles, on n’a même pas été nommées, alors que notre profession est très importante pour les femmes » témoigne une sage-femme hospitalière interrogée par les journalistes de France Bleu. Et la profession ne veut pas que cela se reproduise lors des prochaines négociations, qui devraient s’ouvrir au printemps prochain.
Car si les sages-femmes libérales et hospitalières se battent pour être mieux reconnues et traitées, elles se mobilisent aussi pour l’avenir d’une profession, qui attire de moins en moins. Ce manque d’attractivité représente une véritable menace pour la profession et l’organisation des soins, et les autorités publiques doivent l’entendre. Il faudra attendre quelques semaines pour savoir si le message a été entendu par le Ministère de la Santé …
Et vous, avez-vous participé à la mobilisation du 26 janvier dernier ? Si vous ne deviez retenir qu’une seule revendication pour la profession, quelle serait-elle ?